Un café plus que mordant. [ Kyllouchou ♥ ]

À moi, ils m'ont toujours fait défaut.

Parler. Kyllian avait envie de lui parler. Tirer les choses au clair. Une bonne fois pour toutes. Aaron regarda une nouvelle fois le message, posa sa tête sur ses bras croisés devant lui sur son bureau et soupira. Je fais quoi Gaï ? L'oiseau se posa doucement sur sa main et il leva un doigt pour la mettre au niveau de ses yeux. Elle pencha la tête sur le côté et serra affectueusement ses petites griffes sur sa peau. D'accord. Inspirant longuement il jeta un œil à son réveil, se disant pour la millième fois qu'une montre ne serait pas du luxe. En même temps il n'aimait pas avoir quelque chose autour de ses poignets. Même pas ses pulls qu'il remontait régulièrement sur ses avants bras, plus par mécanisme qu'autre chose. Regardant encore une fois le message il se dit que ce n'était franchement pas le moment. Il n'avait pas besoin d'une énième dispute avec Kyllian pour ajouter à son moral déjà au plus bas. En plus la dernière fois qu'il l'avait vu il s'était retrouvé un couteau planté dans le ventre. Et après cette soirée avec Lauriane il ne doutait pas du sujet qu'aborderait l'étudiant. Enfin, l'ex étudiant puisque Aaron avait entendu dire qu'il serait bientôt pion, comme lui. Ô joie --'. Bon. Le gamin n'avait pas été agressif, juste une demande. Simple, rapide, efficace. Sans animosité. Ou alors il retenait les mots qui lui brûlaient les doigts alors qu'il écrivait mais Aaron en doutait fortement. Ce n'était pas le genre de Kyllian.

« Il te ressemble plus que tu ne veux l'admettre. »

Si avant Aaron aurait vivement contredit ce que sa moitié disait, là il se contenta de se mordre l'intérieur de la joue sans rien ajouter. Se rendant compte qu'il avait regardé le réveil sans vraiment le voir, Aaron se retourna une nouvelle fois et vit qu'il lui restait deux heures à tuer avant le rendez vous avec Kyllian. Battant nerveusement le sol de son talon, il leva les yeux, trouva le sachet en papier rempli d'herbe. Oh et puis merde. Sans se soucier du soupir qu'avait poussé Gaïa il avança la main et attrapa le paquet.

Allongé sur son lit, Aaron porta le joint une nouvelle fois à ses lèvres, aspira longuement et laissa retomber son bras en fermant les yeux. Lentement, il souffla la fumée, sentant son corps s'apaiser à chaque bouffée. Au moins il n'arriverait pas au café complètement sur les nerfs, c'était déjà ça. Blottie dans son cou, à moitié endormie, Gaïa caressa la peau de son humain du bout du bec pour lui dire qu'elle était là. Je sais Gaï. Je sais. Tournant la tête, il se rendit compte qu'une heure et demi était passée et qu'il était temps qu'il se mette en route s'il ne voulait pas être en retard. En retard. Aaron grimaça, pris une dernière taff. Il avait l'impression de se jeter dans la gueule du loup. Et volontairement en plus. Allez. Il se leva, attrapa son cuir et ferma la porte de sa chambre sans dire un mot. Jetant un coup d'œil au ciel il se dit que ce temps pourri ne pouvais pas mieux convenir à son état d'esprit. Et d'un pas tranquille il se dirigea vers le hangar où il garait sa moto. Arrivé près de celle ci il l'enfourcha, donna un coup de talon sur le kick et elle démarra instantanément. Si les autres n'arrivaient jamais à la faire démarrer Aaron n'avait pas ce problème. Il la connaissait par cœur cette moto. Elle l'avait accompagné si longtemps. Le pion croisa son propre regard dans les rétroviseurs, se reconnu à peine. Passant sa main sur ses joues pas rasées depuis très longtemps il haussa les épaules et partit en direction de la ville.

Il était déjà là, assit à une table, il l'avait vu. Pas question de faire demi tour. Inspirant profondément, Aaron s'approcha de Kyllian, recula la chaise sans le lâcher des yeux. Non pas par provocation comme il aurait put le faire avant. Ses yeux ne reflétaient rien d'autre que l'immense vide qui l'habitait depuis qu'elle le lui avait dit. Heureusement que Lauriane était là. Elle réussissait toujours à lui tirer un sourire et même plus que ça. Dès qu'elle était là il sentait le Aaron dépressif se ramasser en boule au fond de lui même pour le laisser vivre. Et ça lui faisait un bien fou. Le jeune homme s'assit et Gaïa vint se poser sur son épaule.

« Salut Kyllian. » lâcha-t-il simplement et sans émotions.

Et alors qu'il croisait les yeux du jeune homme il crut sentir une nouvelle fois la lame lui percer le ventre. Et pour la dixième fois en l'espace de dix minutes il se dit qu'il avait bien fait de fumer avant de venir. Crache le morceau.

Vous voulez boire un truc ? Putain. Aaron inspira profondément sans lâcher Kyllian des yeux et se dit qu'il avait franchement changé. C'en était même flippant mais il se força à rester calme. Et puis il voyait bien que le jeune homme n'avait pas envie de se battre ou de le provoquer. Il avait plus l'air en bad qu'autre chose. Et bien, on dirait que je ne suis pas le seul à aller mal. Sans faire de commentaires, Aaron jeta un coup d'œil au matériel que Kyllian sortait de ses poches. La commissure de ses lèvres s'étira un instant et il baissa les yeux en lâchant un petit rire bref. Comme quoi hein, ils se ressemblaient vraiment. Et sans lâcher les mains expérimentées du jeune homme qui faisaient leur affaire, il écouta ce qu'il avait à lui dire. Qui ne dit mot, consent. Aaron vint passer sa main sur sa nuque, au moins aussi mal à l'aise que Gaïa. Kyllian lui semblait résigné. Et il eut beau chercher, le pion ne trouva pas Baphomet. Non, il n'en avait pas ras le cul de cette ambiance pourrie puisqu'il savait parfaitement que si il devait y avoir réconciliation, ou au moins traité de paix, ce n'était pas de lui que ça viendrait. Pas pour quelqu'un comme Kyllian. Non pas qu'il n'aimait pas le caractère du jeune homme puisque ça l'aurait conduit à ne pas aimer le sien, c'était juste une putain d'histoire de fierté. Aaron soupira. La fierté. Qu'est ce qu'on en a à battre au fond ? Et l'humain de Baphomet avait sûrement dut arriver à la même conclusion pour venir lui demander de lui parler. Pourtant il fut surpris quand il lui avoua carrément que c'était pour lui même qu'il faisait ça. Aaron aurait plus pensé du Kyllian d'avant qu'il serait venu lui parler parce que quelqu'un lui avait dit de le faire. Quelqu'un du style de Lauriane. Mais comme ils ne se parlaient plus ces deux là ça aurait put être Mayleen. Mayleen. Encore une histoire qui avait mal tourné. Et merde.

Aaron inspira profondément l'odeur de fumée de cannabis qui planait maintenant autour de Kyllian, se félicita de ne pas être venu clean. Le sentant parfaitement calme, Gaïa s'envola car elle avait vu les yeux de l'autre humain se diriger nerveusement vers le toit. Fais pas de conneries Aaron. Et alors qu'elle dépassait la gouttière elle tomba nez à nez avec un espèce de dragon tigré. Et si les cornes sur sa tête pouvaient faire penser à un jeune cerf il n'y avait aucun doute, celui là était plus carnivore que herbivore. Plongeant ses yeux dans celui du daëmon, Gaïa se demanda qui était son humain. Puis, l'éclat doré de ses prunelles lui fit comprendre. Fronçant légèrement les sourcils, elle s'arrêta à deux mètres de distance de ses yeux, juste en face de lui.

« Baphomet ...? » demanda-t-elle lentement.

Voyant le regard interrogatif que lui lançait le serveur, Aaron se prépara à secouer la tête négativement. Puis il revint sur son choix et dit qu'il prendrait la même chose. Quitte à être défoncé pourquoi ne pas carrément finir l'aprem en minable ? Mais le faire avec Kyllian c'était assez étrange. Bah. Il pourrait bien s'en aller avant de partir en live total. Il revint vers le jeune homme qui avait commencé à parler. Vas-y commence. Pour peu que je continue. Il n'était pas sur d'en être capable et ça le mettait un peu sur les nerfs. La blabla ça n'avait jamais été son truc. Loin de là. Mais ça ne semblait pas être le cas de Kyllian qui commença en expirant sa fumée. Ah ouais ? C'était ça pour lui la raison de cette animosité ? Il faut dire que il ne pouvait pas non plus avoir les mêmes raison qu'Aaron. Serrant les mâchoires à la mention de leur bagarre, Aaron ne bougea plus d'un poil. Oui il avait entendu un bout de leur histoire à tous les deux avec Lauri. Oui sur le coup ça l'avait énervé. Mais si ce sentiment n'avait pas disparu il pouvait regarder Kyllian en face sans envisager de lui refaire la face. Wow wow wow ! Où est ce qu'il partait là ? Est ce qu'il avait dit vouloir finir sa vie avec Lauriane ? Faire des gosses, se marier et tout le barda ? Si il y avait quelqu'un qu'il faisait flipper en parlant d'avenir c'était bien lui. Aaron jeta un oeil au joint qu'il lui tendait, fut surpris par le demi-sourire que lui lançait Kyllian. Il n'en montra rien, saisit ce que le jeune homme lui tendait et l'amena à ses lèvres en tirant une bouffée sans le lâcher des yeux. Alors qu'il sentait la fumée entrer dans ses poumons et l'effet lui monter à la tête il ferma les yeux et souffla sur le côté en battant nerveusement du talon sur le sol. Il suivit un instant la fumée du regard, finit par revenir vers Kyllian. Il reprit une petite latte et lui rendit le joint en gardant le plus longtemps possible la fumée dans ses poumons.

Il avait l'impression d'être coincé. Que Kyllian attendait de lui qu'il lui dise que oui, il prendrait soin de Lauriane toute sa vie, l'aimerait comme lui, Kyllian l'aimait. Parce que oui ça se voyait qu'il l'avait toujours dans la peau. Entendant la voix de Gaïa dans sa tête qui l'encourageait à parler à son tour, il souffla la fumée et pris son courage à deux mains.

« Déçu, non. »

Putain ! C'était à en devenir dingue ! Il n'arrivait pas à placer plus de deux mots à la suite sans se sentir mal et avoir envie de se casser en courant. Comme pour lui donner un instant de plus de répit le serveur revint avec les deux verres, les posa sur la table et s'en alla. Dis simplement les mots comme ils sont.

« Tu veux que je te dise c'que je te reproche et ce que je pense de toi ? Te reprocher, franchement y'a pas grand chose non plus. » il reprit le joint que lui tendait (??) Kyllian, pris une bouffée, le lui rendit. Un sourire amer étira ses lèvres. « A part cette histoire de lame dans le ventre en tout cas. »

Brusquement il se rendait compte qu'il ne lui en voulait pas. Après tout, il aurait fait pareil. Remarque non, lui n'était pas un dingue qui se trimballait dans les rues avec une lame et un poing américain dans la poche.

« Ce que je pense de toi ? Que t'es peut être pas le connard que j'imaginais, Kyllian Dahmer. » et cette fois sans l'esquisse d'un sourire il attrapa son verre et but quelques gorgées. « Et.. j'suis pas avec Lauriane. C'est.. compliqué. »

Mais ça, il n'avait aucune envie d'en parler avec Kyllian. Enfin, avant en tout cas. Maintenant il s'étonnait lui même d'être assit en face du mec qui l'avait planté, partager un verre et un joint avec lui sans se jeter à la gueule l'un de l'autre. Alors, qui sait ?

Aaron hocha de la tête en prenant une autre gorgée de son verre. S'il n'en avait qu'un sur lui il ne voulait pas le lui finir. Et puis il n'en avait pas besoin pour l'instant. En fait il était presque normal, neutre, rien de ce qu'il aurait du ressentir alors que Kyllian Dahmer, le mec qu'il était censé pas pouvoir blairer se tenait devant lui. Et bizarrement, ça lui faisait du bien. Ne pas se sentir obligé, ou plutôt ne pas pouvoir se retenir, de lui casser la gueule c'était agréable. Et pris comme ça il était même plutôt sympa ce gamin. Pas arrogant, tout ce qu'il disait était vrai. Il se blâmait lui même et ne paraissait pas s'en soucier, comme s'il savait parfaitement qu'il avait fait une connerie. La plupart des gens s'en rendent compte, mais pour l'avouer aux autres et plus encore à soi même il fallait être d'une toute autre trempe. Voyant qu'il avait fini de parler, Aaron descendit totalement son whisky-coca, sentit l'alcool le réchauffer doucement. S'il ne dénia pas Kyllian qui en demandait deux autres, il se dit qu'il prendrait son temps pour le boire. Franchement, il n'était pas en état de boire et fumer comme il pouvait le faire d'habitude. La dernière fois qu'il avait mangé remontait à hier soir et ce n'était pas franchement conseillé de boire l'estomac vide. Et encore plus quand on fumait à côté. Sans compter que c'est vraiment pas de la merde son truc. Passant son doigt sur le bord de son verre, Aaron écouta d'une oreille distraite ce que Kyllian continuait à dire. Il sentit Gaïa rire, manqua de lever les yeux mais se retint au dernier moment. Il savait parfaitement qu'il ne pourrait pas les voir d'ici, n'essaya même pas de voir ce que faisait sa moitié en entrant dans son esprit. Le pion eut un demi-sourire amer et regarda autour de lui en soupirant.

« Ouais. Tu parles d'une aide. »

Il jeta un coup d'œil vers le joint qui continuait de se consumer mais très lentement. Il se rappela qu'il en avait un ou deux dans la poche de son cuir, n'esquissa pas un geste vers eux pour l'instant. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas partager. Loin de là, il s'en contrefoutait. Mais pour l'instant il y en avait déjà un sur la table, inutile de ramener toute la cargaison au risque de se faire pincer. Le serveur revint, déposa les deux verres et jeta un coup d'oeil vers le joint, sourit discrètement et repartit derrière son bar.

« Bon bah on risque pas d'avoir de problème de ce côté là au moins. » dit il en montrant le joint du coin de l'oeil.

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Crowz ? Ainsi donc c'était comme si elle se trouvait face à un inconnu. Elle jeta un oeil sur la patte qu'il lui tendait et préféra rester voleter à son niveau. Elle était habituée au pygargue à tête blanche et ce changement la dérangeait un peu. Elle rit doucement.

« On ne peut pas en dire autant de toi. Où est passé le Baphomet que je connaissais ? »

Elle ne savait pas trop si il était toujours là sous ces crocs et ces rayures, et avait l'impression de faire face à une sorte de meurtrier, comme s'il avait tué Baphomet alors que ce n'était certainement pas le cas. Et même si sa nouvelle forme était magnifique le pygargue lui manquait.

Ouais… Bon… Ok… Ouais, ouais, ouais… Eh bien je sens que ca va être super simple de faire la conversation avec lui dit donc… Oh putain le serveur ! Ouf, alors toi tu vas me sauver la vie ! Posant un regard amuser sur lui quand il repassait en fixant le cendrier avec son contenu, ca se voyait dans ses yeux qu’il en avait envie. Aller, laisse toi succomber a la tentation. C’est pas bon d’y résister. Bon d’accord t’es au taff’, mais prend une pause, t’as droit a une pause quand même non ? Dans tous les boulot on a droit a ca. Quitte ton job’ sinon, c’est que c’est de la merde ! Et ton patron aussi ! Lui faisant un signe de la main, je regard l’heure sur la montre que je n’ai pas… ? Que je n’ai pas ? Mais merde quoi ! Elle est ou c’te conne. Fermant les yeux en soupirant et en me passant une main sur le visage, je rouvris les yeux en me mordant la lèvre inférieur puis dans un sourire, je sortie mon portable. Aller, dans cinq minutes il est 17h50, tu finis a quelle heure jeunot ? Bah vu ta tronche ta a peine 18 balais, et encore j’en suis pas si sur. Le voyant venir vers nous, je pris une chaise d’une autre table en faisant un clin d’œil au mec qui y était et invita le serveur. L’observant faire un geste négatif de la main, j’insistais un peu plus et pris le joint en le lui tendant. Ah ! Tu viens vers nous, sage décision ! Ou que je sois, je fou la merde. Si vous ne l’aviez pas remarqué vous allez très vite vous en rendre compte, parce que généralement, ce genre de situation en publique, ca se finit mal, et pas qu’avec une emmerde.


« Mais juste une latte alors ! »


Lui faisant signe qu’il faisait comme il le sentait, je me penchais légerement en arrière pour écouter la femme pester parce que son mari m’avait laissé prendre la chaise. Et lui qui s’excusait. Le pauvre. Tournant la tête, c’est avec de gros yeux que je vis un serveur drôlement bien habillé (pour un serveur c’est étrange d’ailleurs…). Le regardant encore quelques seconde avant que mon cerveau ne fasse un tilt en se disant que c’était le patron, je me jetais sur la table, renversant mon verre d’alcool sur le serveur qui était a notre table et lui dis vite fait et doucement que son patron se dirigé vers nous. Me levant en même temps que lui tout en récupérant ce qui m’appartenait, je tirais une latte dessus et me grattais la gorge tout en saisissant une serviette.

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  « Oh ! Excusez moi, vraiment ce n’était pas voulut, laissez moi vous essuyer ! »
  « Qu’es ce que c’est que ce bordel ! Jean regarde dans quel état tu es ! »
  « Non monsieur, tout est de ma faute, il n’y ait pour rien, je l’ai invité a boire un coup avec nous, parce qu’il faut le dire, il est très aimable, et c’est rare de nos jours de voir un serveur aimer vraiment son travail ! Il a refusé, mais j’ai insisté, alors par politesse et pour faire une bonne image a votre entreprise, il s’est assis et juste avant qu’il ne puisse commander, le verre lui a tombé dessus. Je suis un peu maladroit, en me balançant sur ma chaise, j’ai faillit tomber en arrière, alors j’ai voulut me rattraper en me jetant sur la table et mon verre a eut raison de votre serveur. Je payerai le pressing, ne vous en faite pas ! »
  « C’est gentil a vous, je saurai le récompenser comme il se doit ! Jean tu termine plus tot aujourd’hui et tu seras augmenté pour ton implication dans notre établissement ! »


Poussant un soupir en me rasseyant sur mon siège, je regardais le serveur se retourner vers notre table en nous faisant un clin d’œil. Et ouais mon gars ! J’aurais apprécié qu’on le fasse pour moi aussi, puis ton patron a l’air sympa quand même. Un peu naïf, mais sympa.



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Ouais, c’est ce que j’ai trouvais de mieux en prénom, bah ce n’est pas si moche que ca non ? Puis franchement, je ne compte pas garder éternellement cette apparence donc bientôt ca sera encore et toujours Baphomet. Enfin bientôt… Du moins j’espère… Reposant ma patte au sol en la voyant toujours battre des ailles, je levais les yeux vers elle quand elle prit la parole. Ou il est passé ? C’est une bien bonne question…


« J’en sais pas plus que toi. Puis j’évite de me le demander, ca me désespère un peu moins que je ne le suis déjà… Mais bon j’suis pas a plaindre, d’autre on des malheurs plus grand. »

» Le mensonge, c'est tout un art.

Aaron sentit que Kyllian commençait à s'agiter sur sa chaise. Qu'est ce qu'il foutait encore ? Il releva les yeux, suivit la direction que lui indiquait le jeune homme et tomba sur le jeune serveur qui blêmissait, surprit. Encore incertain, le pion jeta un coup d'œil sur l'étudiant et sur l'autre. Comprenant ce que Kyllian était en train de faire il recula son buste et vint appuyer son dos contre le dossier de la chaise, un petit sourire amusé aux lèvres. Le serveur semblait hésiter, et pour cause, il était en service et n'avait donc pas le droit de venir s'assoir avec les clients. Connerie de règlement. Il soupira sans ôter à ses lèvres le plaisir de sourire à nouveau, si mince soit-il, et mit sa main gauche dans sa poche pour regarder l'heure qu'il était sur son portable. Ne rencontrant que ses clés de moto et le tissu du jean, il se souvint qu'il n'avait pas pris son téléphone et demanda à Gaïa si elle pouvait voir l'heure d'où elle était. L'oiseau leva les yeux au ciel et lui répondit en repérant rapidement une pharmacie non loin de là. Presque six heures... En effet, le soleil déclinait déjà derrière l'épaisse couche de nuage qui laissait quelques rayons la traverser pitoyablement. Le serveur finit par céder à la tentation et se rapprocha de leur table en jetant des coups d'oeils angoissés derrière son épaule. Ça, si tu te fais chopper, j'espère pour toi que ton patron est cool. Sinon... Aaron regarda avec amusement le jeune homme porter le joint jusqu'à sa bouche en hésitant considérablement. Celui ci le regardait d'ailleurs en lui dédiant un petit sourire timide, comme s'il avait peur qu'Aaron ne soit pas d'accord avec Kyllian. Mais il n'en avait rien à battre. Il faisait comme il voulait et n'était pas à ça près. Mieux même, l'arrivée du serveur éclipsait momentanément la conversation forcée qu'il y aurait du avoir entre les deux hommes. Bizarrement, ça agaçait légèrement Aaron. Dès qu'il s'en rendit compte il se reprit et se balança sur sa chaise sans lâcher le jeune homme des yeux. Dans le genre stressant on ne faisait pas mieux ='). Son exact opposé, Kyllian avait tout du gars détendu qui savait parfaitement ce qu'il faisait et se savait en droit de le faire. Puis, brusquement, il se jeta en avant en renversant sa boisson sur le serveur et en lui glissant quelques mots à l'oreille. Voyant le patron arriver, Aaron se garda bien de sourire mais l'envie de le faire était grandissante. Bordel ! Ce gamin arrivait à le faire sourire ! Sourire ! Si c'était pas paradoxal ça … Contrairement à l'étudiant, le pion resta sur sa chaise, ne cessant même pas de se balancer, fixant le patron d'un regard neutre. Si il arrivait à lire dans ces prunelles grises à quel point il lui faisait pitié, ce mec méritait un prix. Alors, le grand brun commença à lui sortir une histoire qui sonnait tellement faux qu'elle écorchait les oreilles du pion. Voyant le patron tomber dans un piège aussi grossier, Aaron haussa les sourcils narquoisement. Naïf. Souvent, il oubliait que tut le monde n'avait pas eu son enfance et un menteur professionnel pour ami x'). Pour cacher le sourire moqueur qui lui montait aux lèvres, il attrapa son verre et but quelques gorgées en prenant bien soin de regarder ailleurs que sur le trio qui s'était improvisé. Quand le patron finit par s'en aller en promettant au serveur une augmentation il faillit s'étrangler, reposa le verre en toussant. Il plaça le dos de sa main devant sa bouche et étouffa le mieux qu'il pouvait son petit éclat de rire derrière sa toux. Franchement, il le fait exprès là, non ? Ce n'était pas possible d'être aussi niais ! Content de son coup, Kyllian se rassit et Aaron se demanda s'il savait avant de se lancer dans cette tirade que le patron était facile à embobiner. Gardant seulement l'ombre de son sourire au coin de ses lèvres, il passa ses doigts sur le verre glacé, effaçant la buée qui s'était formée sur les parois du verre.

« C'est pendant les cours qu'on vous apprend à mentir si bien ? » railla-t-il en plongeant son regard dans celui de l'étudiant.

Une petite pique, presque amicale, presque naturelle. C'était peut être la beuh qui lui montait à la tête, en tout cas il se sentait presque à l'aise, comme s'il avait oublié qu'il y avait quelques minutes à peine, Kyllian était encore le mec à ne pas croiser, et de qui il ne fallait pas lui parler.


Gaïa fronça les sourcils, désolée d'avoir fait de la peine à cette graine de Dragon. Comme pour se faire pardonner, elle se posa sur une petite antenne et fixa le daëmon de ses yeux noirs. Un doux sourire étira ses traits.

« Ce n'est pas parce que il y aura toujours quelqu'un qui souffrira plus que nous que nous devons considérer que notre propre souffrance est sans importance. » déclara-t-elle doucement. « Alors, ça fait quoi de manger une vache pour dîner et de ne pas être rassasié ? » demanda-t-elle en riant.

Si sa première phrase était bien jolie et utopique, elle savait à quel point elle était dure à mettre en œuvre. Si il y avait quelqu'un qui ne voulait pas en entendre parler c'était bien Aaron ! Cette carapace qu'il portait en permanence sur lui avait fini par lui faire croire qu'il n'avait pas le droit de se montrer sous un angle faible. Les gens aimaient le Aaron souriant, de bonne humeur et qui réconfortait de ses mots ou de sa présence. Lui, était persuadé que quand tout allait mal ils s'en fichaient. Et pour cause, pendant cinq ans il n'y avait guère eut que Manech pour le réconforter quand ça allait mal, et encore, c'était des démonstrations qui visaient plus à le rendre capable de surmonter ça seul. Voilà, c'était ça. Seul. Pour toujours. Soit il s'en relevait seul, soit il ne s'en relevait pas. Et de toute évidence, Lauriane avait contourné la loi et grâce à elle il allait mieux. Posant ses yeux sur Crowz, elle se souvint de ce qu'elle avait deviné après avoir passé la nuit seule avec Morwène. La question était à présent, est ce que Crowz se souvenait que l'ancien Baphomet avait été aimé ? L'était toujours ? Elle ne le savait pas, ne le lui demanderait pas.


La pluie commença à tomber, drue, non pas glaciale comme d'habitude, mais tiède. Aaron leva les yeux au ciel en grimaçant, se dit que sa rencontre avec Kyllian s'arrêtait là. Mais avant qu'il ait le temps de se lever en lui disant au revoir, une silhouette s'agita derrière la vitre du bar. Habillé maintenant normalement, Jean leur faisait signe de venir s'abriter en attendant que la pluie cesse. Aaron jeta un coup d'oeil vers l'étudiant, haussa les épaules et se dirigea vers l'entrée du bar qui était vide de monde. En passant la porte il vit que le bar fermerait dans dix minutes puisque le patron partait en vacances le soir même. Remarquant son coup d'œil, le serveur secoua la main.

« Ne vous inquiétez pas, je fais la fermeture et après le coup de tout à l'heure le patron ne m'en voudra pas de vous garder au sec. »

Le regard admiratif qu'il jeta à Kyllian en disait long sur sa reconnaissance. Il se passa la main dans les cheveux, passa derrière le bar. Il observa le ciel sombre, secoua la tête négativement en faisant la moue.

« Quel temps de chien! Ça n'a pas l'air de vouloir s'arrêter. Je vous sers quelque chose en attendant ? C'est pour moi, si j'ai bien compris vu l'augmentation que j'aurais je vous doit bien ça. »

Acquiesçant de la tête, Aaron vint s'assoir sur un des tabourets hauts placés contre le bar et croisa ses bras sur le comptoir alors que le gars lui posait une bière devant le nez. Il secoua la tête en fronçant les sourcils et lui demanda un café. Il avait juste envie de se réveiller, même s'il n'aimait pas ça. Regardant Jean s'afférer maladroitement, il soupira et s'inquiéta d'où Gaïa s'était réfugiée. Lui envoyant l'image d'une réserve à bois assez grande pour Crowz, le daëmon lui dit que tout allait bien et qu'ils avaient le temps. Le temps. On a jamais le temps.

Hier est parti pour toujours, demain ne viendra peut-être jamais, seul aujourd'hui t'appartiens...

» Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire.

D'un oeil presque curieux, Aaron promenait son regard sur l'étalage de différents alcool qui tapissaient le mur derrière le bar. Whisky. Boaf, la boisson des gros déchirés. Pire encore, du vin rouge. Scotch. Il détourna les yeux rapidement. Ça lui rappelait trop l'Écosse, et avec ça, des souvenirs plus ou moins agréables. Si il ne se laissa pas envahir par son passé, il accueillit bien volontiers l'image de Clyde qui lui souriait en couvant amoureusement son auberge des yeux. Le jeune homme lâcha un petit rire silencieux, ses lèvres s'étirant un instant en un fugace sourire. Vodka. Plage... Il détourna de nouveau les yeux, se dit qu'en fait l'alcool c'était pas si cool que ça. Si il y avait beaucoup de bons souvenirs, les mauvais n'étaient pas moindres. Et leur fantôme le hantait toujours, attendant le moment opportun pour ressurgir devant ses yeux pourtant bien ouverts sur la réalité. Après être allé apporter sa boisson a Kyllian, Jean revint vers Aaron, passa derrière le bar.

« Je vous sert quelque chose ? »
« Vodka. » répondit-il d'une voix rauque.

Il se racla la gorge, regarda l'autre s'affairer en attendant simplement que le temps passe. Kyllian n'avait pas l'air de vouloir bouger de sa table, s'il était seulement sur une table. Jetant un coup d'œil vers le miroir placé derrière les bouteilles d'alcools, il confirma ses pensées. Le futur pion n'avait pas l'air dans son assiette, se passant régulièrement les mains sur le visage. Aaron fronça légèrement les sourcils, puis revint à ce qui se passait devant lui, et non pas derrière. Le serveur déposa son verre en hochant gravement la tête. Le jeune homme attrapa le verre, le leva légèrement pour le remercier. La pluie battait les carreaux, le silence était revenu dans la pièce. En jetant un rapide coup d'œil vers Kyllian par le biais du miroir, Aaron leva le verre et avala une gorgée de sa Vodka. Il haussa les sourcils en se mordant les lèvres, reposa le verre. D'accord, on va y aller mollo. Voyant à la tête de son client que la boisson ne passait qu'à moitié, Jean se frappa la paume sur le front et reprit le verre d'Aaron en s'excusant, disant qu'il avait oublié d'ajouter quelque chose. Le jeune homme fit glisser le verre vers lui et le laissa faire son affaire. Il le lui offrait, peut importait ce qu'il y avait dedans. Et il fallait bien avouer que la Vodka pure n'était pas pour le moins du monde quelque chose qui passait sans problèmes. Quoique, ça ne m'a pas trop dérangé avec Lauri... Ne pas y penser, pas maintenant, pas avec l'autre à côté. Aaron soupira en se passant le dos de la main sur le front. Il faisait chaud ici. Un peu trop peut être. Mais il n'enleva pas son cuir pour autant. Il ne manquerait plus qu'il compte s'attarder ici ! Remarque, si l'ambiance restait aussi morte ça ne pouvait que le calmer.

Dans un grincement de chaise, Kyllian se leva, vint rejoindre Aaron au bar. Celui ci remarqua qu'il s'était assit à deux places de lui. Bien, faudrait pas non plus exagérer. Tournant la tête de l'autre côté sans se préoccuper de l'étudiant, le pion regarda d'un air distrait le patron confier ses clés au jeune serveur. Et bah, j'en connais qui ont pas peur de perdre leur maison. Il leva de nouveau le verre jusqu'à ses lèvres, le finit entièrement. La chaleur de l'alcool se répandant dans ses veines était agréable, et même le bourdonnement qui vrillait ses tympans ne l'agaçait pas plus que ça. C'était plutôt réconfortant, comme si on venait de vous plonger dans un immense bain qui vous réchauffait jusqu'à l'âme. Sans vous mouiller évidemment. Profitant que le serveur aille prendre un deuxième verre à Kyllian il lui dit de lui passer une de ces petites bouteilles qu'il gardait dans l'armoire d'en face. Jean hocha de la tête, servit Kyllian, posa la bouteille devant Aaron en la décapsulant d'un geste professionnel. Il ne savait pas ce qui allait boire, il s'en foutait. Surprise \o/ ! En parlant de surprises... Kyllian recommença à parler. Aaron qui avait porté la bouteille à ses lèvres s'arrêta, tourna la tête vers le grand brun, surprit. Ce qu'elle lui avait dit ? Le strict minimum. Quand certaines choses blessaient, il valait mieux éviter d'en parler. Elle lui avait juste dit qu'elle l'avait connu, qu'il lui avait fait mal. Très mal. Point. Et si les mots et les explications exactes n'avaient pas été présentes, la détresse et la souffrance dans les yeux de Lauriane lui avait suffit.

« Assez pour avoir envie de te défoncer la gueule à chaque fois que je voyais ta jolie ptite tête au tournant.» répondit-il légèrement, plus en déconnant qu'autre chose.

Quand il eut finit de parler il porta la bouteille à ses lèvres, but une gorgée en souriant à moitié et la reposa en tentant de perdre cette graine de sourire. Dans la même chambre ? Aaron eut un rire amer et nerveux, recommença à boire en secouant la tête. C'était vraiment des tarés. De vrais petits sadiques. Il imaginait très bien Unless qui devait jubiler dans son bureau. Tant pis pour lui, il assumerait la casse. Il reposa la bouteille et fit le tour du goulot de son doigt. Alors qu'il s'apprêtait à relancer la conversation, il ne savait trop comment, Kyllian lui coupa l'herbe sous le pied. Elle tient beaucoup à toi. Comment il savait ça lui ? Il avait parlé à Lauri' ? Il le devinait ou son petit doigt lui avait dit, c'était ça ? Franchement d'où est ce qu'il... Aaron s'immobilisa brutalement. Et même s'il ne bougeait pas beaucoup l'instant d'avant, tout ses muscles qui se tendirent en même temps trahirent ce changement d'attitude. Ta gueule, sérieux arrête toi maintenant si tu veux pas que ça parte en live. Mais non. Vas-y Dahmer, enfonce la lame, t'as l'habitude. Aaron réagit immédiatement. Et violemment. Le faire taire, maintenant. Il se jeta littéralement sur lui, le saisit par le col, les mains tremblant à cause de la force qu'il mettait dans son geste. Il devait se retenir, ne pas lui mettre directement son poing dans sa petite gueule d'enfoiré.

« Ta gueule ! Tu te la ferme, tu m'entends ?! Elle a besoin de moi ?! Et moi ?! J'ai pas besoin de.. » cracha-t-il, la colère faisant vibrer sa voix.

Serrant les dents en s'empêchant de frapper Kyllian, Aaron s'arrêta de parler. Il ne pouvait pas aller plus loin. Pas avec cette enflure. Ne surtout pas lui montrer ça. A personne. Jamais. Le pion le repoussa tout en le relâchant et revint à sa place, toujours bouillant de rage. Posant les coudes sur le comptoir il mit sa tête dans ses mains, cherchant à réguler la colère qui avait envahit son être. Mais il avait beau essayer, la phrase de Kyllian revenait toujours, écho infini d'un ramassis connerie. Il n'était au courant de rien ! Il ne savait rien, n'avait pas le droit de juger... Jean s'était bloqué, tout à coup effrayé par l'attitude des deux hommes. Merde ! Il espérait fortement ne pas les avoir invité à tord, si jamais ils cassaient quelque chose ici... Le rire amer qui s'échappa de la bouche du gars qui avait tout l'air d'un motard le fit revenir à la réalité. C'était un rire nerveux, cynique. Aaron haussa les sourcils, comme s'il n'arrivait pas à croire à la conclusion qu'il s'était faite. Ce putain d'enfoiré venait de lui montrer la position exacte qu'il avait tenu quand on parlait de Lauriane. Pas le droit de juger. Okay, j'ai compris le message. Alors, comme Kyllian s'était, lui, retenu de lui défoncer la gueule à l'occasion, il en ferait autant. Le jeune homme cessa de rire et revint poser sa tête entre ses mains en soupirant. Il était si fatigué. Pourquoi est ce que ce gamin venait lui ressasser des choses qu'il n'avait pas envie d'entendre ? Surtout venant de sa bouche ! Reprenant l'air de marbre qui l'avait définit à son arrivée, Aaron redressa la tête, porta la bouteille à ses lèvres.

« Tu pense, hein ? » railla-t-il en riant, mauvais. Il soupira en secouant la tête. « La prochaine fois que je te fais un truc dans le genre, hésite pas, frappe. »

Frappe comme je le mérite, frappe comme tu l'aurais mérité si on était pas quittes. Ses yeux gris rivés dans ceux de Kyllian, il déclara sa phrase sans le lâcher du regard. Puis, il tourna la tête vers l'assortiment de bouteilles en face de lui, descendit entièrement la sienne. Arrête de boire, crétin ! Mais il avait tellement soif. Soif de vie. Et à défaut de vie tout court, il descendait l'eau de vie. Il repoussa la bouteille, leva les yeux vers Jean, se retenant d'exploser la bouteille contre le comptoir, histoire de ne pas lui créer d'ennuis.

« T'aurais pas un verre d'eau ? »

Le serveur approuva du chef et alla chercher ça pendant qu'Aaron se passait une fois de plus la main sur le visage. Zen gars. Zen.

[ Pareil xD Je la jouerais quand il lui aura répondu (aa) ]

Il aurait cru que Kyllian allait réagir, dire quelque chose, l'insulter, n'importe quoi ! Et bien non. Rien. Rien pour alimenter sa colère, et pourtant ça ne lui aurait pas fait de mal d'avoir l'opportunité de frapper sur quelqu'un. Jetant un oeil vers Jean, Aaron se dit que c'était pas forcément très sympa de lui casser la baraque alors que le proprio venait juste de s'en aller. Imaginez. La grande classe ! Le patron est à peine arrivé chez lui, à 500m à pieds, pour prendre sa valise, à peine il pose le pied sur le perron son portable sonne, l'autre abruti de serveur en qui il faisait confiance l'appelle, y'a du grabuge. Dix minutes ! Rendez vous compte ! Le craquage le plus monstrueux du siècle, et tout ça à cause d'un crétin de pion qui partait en live à la moindre occasion. Ça serait dommage, n'est ce pas ? Alors on va éviter. Et puis, il faut dire qu'il n'était pas vraiment au plus fort de sa forme, contrairement à Kyllian. Sauf si lui aussi avait fait la grève de la faim pendant une semaine, ce qui aurait fortement étonné notre cher pion. Le brun se releva l'air de rien, assez malin pour ne pas faire de commentaires. Et pourtant, ô combien il en aurait eu le droit ! Jean posa le verre d'eau devant Aaron qui le remercia et le descendit d'un coup. Il avait soif. Soif de vie, de renaissance. Il jeta un coup d'œil vers le futur pion, chercha quelque chose dans la poche de son cuir. Envie de fumer. Il posa les deux joints déjà roulés, constatant avec étonnement qu'ils étaient en état. La voix de Kyllian résonna de nouveau et ses yeux vinrent s'encrer dans ceux d'Aaron qui ne chercha pas à détourner le regard.

« J’ai pas dit ca pour me venger de quoi que ce soit. Le passé appartient au passé, j’trouve que ca ne sers strictement a rien de le recenser. Il ne faut pas l’oublier, simplement le mettre de coté. Ce n’était pas méchant non plus et ca ne se voulait pas blessant. C’était juste sincère… »

Le pion resta à le regarder gravement quelques secondes, finit par se tourner en soupirant. Il pencha la tête sur le côté en se passant la langue sur les lèvres, grimaça et prit le joint qu'il porta à sa bouche. Il recommença à chercher dans ses poches, trouva une boite d'allumettes presque vide. Il prit l'avant dernière, la craqua, et le bois prit feu. Il admira un instant la lueur mordorée qui rayonnait dans ses mains, porta la flamme jusqu'à la cigarette qui se mit à rougeoyer. Il inspira par à coups pour ne pas qu'elle s'éteigne, secoua l'allumette sans la regarder pour qu'elle s'éteigne. Aaron ne se demanda même pas si ça dérangeait Jean qu'il fume dans le bar. De toute manière tout le monde le faisait, où était le problème ? S'il y en avait un il n'avait qu'à lui dire d'arrêter. Au contraire, le serveur apporta la commande de Kyllian, tira un tabouret, attrapa agilement un verre et une bouteille, se servit et le leva à leur santé. Aaron le dévisagea un instant, finit par détourner le regard en prenant une taffe. Gardant la fumée dans ses poumons il la tendit à Kyllian, retrouvant ses yeux pour la première fois depuis sa dernière phrase.

« Alors ça existe toujours les gens sincères ? Tu m'apprend un truc Dahmer, je pensais que l'homme avait fini par éradiquer ce penchant la de sa palette de réactions. » il sourit amèrement en soufflant totalement la fumée. « Les gens ne savent plus parler, il faut toujours frapper avant d'agir. Fonce dans le tas, tu réfléchira après ! Action, réaction ! comme dirait l'autre. On nous apprend à vendre, à produire, à écouter les bons profs bien gentils qui sont censés nous faire rejoindre le troupeau, mais jamais on ne nous a appris à parler. » il secoua la tête et regarda Jean. « Et c'est bien dommage. Ouais, bien dommage... »

Les yeux clos, Gaïa avait fini par se laisser bercer par le son de la pluie. Cette magnifique mélodie qui faisait oublier tout le reste. Si elle n'aimait pas autant que son humain l'eau, elle adorait son chant, ne se laissait jamais de l'écouter. Le doux ronflement de la respiration de .. Crowz, retentissait à côté d'elle, et ça avait quelque chose de réconfortant. Ils s'étaient réfugiés là, dans cette petite cabane, lorsque la pluie s'était mise à tomber. De toute évidence Crowz aurait eu du mal à entrer dans le bar et, le sachant parfaitement calme, elle avait laissé Aaron seul à seul avec Kyllian. C'était sans compter sur la langue du brun qui ne perdait jamais une occasion d'en placer une là où ça fait bien mal. Pourtant, elle le savait parfaitement, il ne l'avait pas fait exprès. Envoyant une vague de calme à son humain elle le sentit reculer et laisser l'étudiant tranquille. « Doucement Aaron. Il ne voulait pas te blesser. » « Je sais Gaï. Je sais. » La connexion avec son humain entièrement ouverte, Gaïa vit la scène comme si elle y était. Aaron tourna la tête vers Jean, un petit sourire sympa aux lèvres.

« Alors ? Ça fait quoi d'avoir des.. responsabilités ? Bienvenue dans le monde des adultes, gars. »

[ Un autre dans la chambre ? =D J'voulais que Aaron se souvienne encore un peu plus de son passé qu'il a oublié *-* genre cauchemar \o/ *PAN* Et on pourra en reparler de cette cloison (a) ]

[ MDRR Et bah si tu pouvais le commencer ça serait cool *-* Ouais, ça doit être perturbant d'avoir quelqu'un qui te ressemble à mort et que à cause d'une histoire de fille ça pourra jamais bien se passer entre toi et lui ! xD =') ]