Close your Eyes - P r i v a t e

Avancer & non plus reculer. Se dire qu’au bout du couloir, la lumière nous attend et que le gouffre est déjà bien loin. Sur ce, ferme les yeux et fais un vœux… *0*

En ces temps difficiles, le jour était revenu dans ma vie. Comme si ce grand rideau de soie noire avait enfin été levé. Je découvrais ainsi un tout nouveau paysage. Le monde avait-il tant changé depuis qu’il était parti ? M’étais-je donc renfermée sur moi-même jusqu’à ne plus faire attention à ce qui se passait autours de moi. Surement et à vrai dire il semble que j’ai raté bon nombre de choses. Kalhan est revenue accompagnée de son ligre immense et toujours aussi humble à ce que j’ai entendu dire. Mais ce n’est pas tout, dans mon délire de dépressive, je cru apercevoir, au détour d’un couloir, Matthew. A ce demander ce que ce connard faisait ici et surtout où était passé son monstre ?! Enfin bref passons sur ceux là et sur tout les autres d’ailleurs. Le plus important récemment avait été mes retrouvailles avec Gäld, mon daëmon. Si on pouvait appeler ça comme ça car le cher ronchon avait changé d’apparence. De léopard, le voilà jaglion. Et bien plus imposant qu’autrefois cet abruti prend beaucoup plus de place dans mon lit T.T Pourtant, je sens que j’ai changé, que nous avons changé. Notre lien est plus fort qu’avant et mon pouvoir semble plus conséquent. Hier j’ai bien cru que j’avais réussi à faire une étincelle en claquant des doigts, ce qui est tout bonnement impossible car je ne parviens pas à créer le feu, juste à le manipuler. Je me pose de sérieuses questions mais Gäld dit que je ne dois pas y faire attention alors autant le croire…

…

* Hey le patapouf, sors de là tu veux ?! *
* Et puis-je savoir où nous allons ? *
* Se balader… à l’aquarium par exemple. *
* Tu veux dire, l’endroit où y’a plein de poissons ? *0* *
* Oui, c’est en général la définition du mot aquarium… --' *

Le puissant jaglion émit un grognement de mécontentement mais une petite étincelle brillait tout de même dans son regard vert. C’est sur, c’était littéralement une aubaine pour lui. Des poissons en pagaille rien que pour lui. * Même pas en rêve Gäld. * * Mais j’ai encore rien fait ! * Par pur prévention dirons-nous. Abby lui dédia un parfait sourire et elle sortit de sa chambre, suivit de près par son daëmon. Durant de longues minutes les deux compagnons arpentèrent l’université avant d’en sortir par la grille du parc. Le félin au comble de l’excitation accélérait l’allure, revenant vers Abby pour la presser tandis que sa longue queue fendait l’air tel un chiot. Décidément, elle l’avait rarement vu comme ça. Il faudrait qu’elle l’emmène au restaurant japonais un de ces quat’, ça lui ferrait surement très plaisirs. Continuant leur route, ils se stoppèrent à l’entrée du bâtiment. Montrant rapidement sa carte d’étudiante, le réceptionniste les laissa passer.

Abby avait un délicat sourire encré sur ses lèvres car l’expression presque enfantine de son daëmon la faisait rire. Tu parles d’un prédateur, il bave presque devant des sushis vivants. Passant en revue différent types de poissons, elle continua de s’enfoncer dans les profondeurs de la mer. La jolie brune était tranquillement en train de lire une étiquette lorsqu’elle entendit un brouhaha pas possible. Accourant près d’un de plus grands aquarium, elle trouva Gäldhiem debout contre la vitre, le museau collé à celle-ci. Appuyé de tout son poids, la jeune femme avait bien peur que le verre finisse par casser car la bestiole faisait désormais un peu plus de 250 kilos. Mais comme si ce n’était pas assez, elle entendit la porte derrière elle se mettre à grincer. Etait-elle maudite ? Car en plus d’avoir un crétin de félin manquant de faire exploser des tonnes d’eau, il fallait que quelqu’un se ramène pour voir le spectacle…

* Faite qu'il arrête un jour ses conneries... *

Pock. Encore et encore, inlassablement. Pock. Jusqu'à ce que le reste s'efface, Pock, qu'il n'y ait plus rien d'aussi important au monde que ça. Pock. La rattraper. Pock. La relancer. Pock. Encore et encore.

« Monsieur ? Monsieur s'il vous plait, ça dérange les clients... Est ce que vous pourriez... ? »

Désespéré par le manque de réaction du client, il se mordit l'intérieure de la joue, tourna les talons sans oser s'interposer plus encore. Il appellerait la sécurité si ça continuait. Il avait toujours été quelqu'un de discret, timide. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu'il hésitait à aller lui demander d'arrêter, avait finit par le faire, s'en mordait à présent les doigts. Il jeta un dernier coup d'œil vers le client qui n'avait pas cessé un instant son manège. Ce qu'il pouvait détester les balles rebondissantes ! En grommelant, il se dit que c'en était assez. Et d'un pas décidé il se dirigea vers l'entrée où, il le savait, se trouvait un portier, tout ce qu'il y a de plus baraqué et impressionnant. En tout cas lui ça l'impressionnait ! Il se mit sur la pointe des pieds pour parler dans l'oreille du gorille et lui montra la direction du client récalcitrant. L'homme acquiesça lentement et pivota sur ses jambes rendues raides par l'inactivité. Prenant son air dur, il sortit sur la terrasse, chercha du regard celui qu'il devait sortir de l'établissement. Fronçant les sourcils, il se retourna vers le serveur comme si quelque chose n'allait pas. L'homme montra la table vide du doigt et foudroya celui qui l'avait dérangé de ses yeux bruns. Le serveur se ratatina en balbutiant une excuse pitoyable et il se dirigea, la tête rentrée dans les épaules, vers la table qui était auparavant occupée par ce gêneur. Du jeune homme qui avait l'air aussi tristement gris que ses yeux, il ne restait que la place vide, encore chaude. Il n'avait pas rêvé ! Mais comment était il sortit ? Arrête de te poser des questions idiotes, le principal c'est qu'il soit partit. Un bout de papier voletant sur la table attira son attention et il attrapa maladroitement le billet laissé là. Au crayon gris, le jeune homme avait griffonné quelque chose.

« Every cloud is Grey, Dreams of Yesterday... »

Et comme il ne parlait pas anglais, il rangea rageusement le billet dans sa poche et passa un coup de torchon sur la table pourtant immaculée. Crétin. S'il savait...


Passant de jardins en jardins, sautant par dessus des clôtures plus ou moins basses, Aaron avançait, le regard fixé droit devant lui. Si quelqu'un le vit pénétrer ainsi dans ces endroits privés, personne ne lui en fit la remarque. Le manque de vie froid qui se lisait dans ses yeux aurait refroidit les ardeurs d'un Colonel, rougit par le vin et les ordres hurlés à pleine voix. Et ainsi, de pelouses en pelouses, il finit par arriver face à un mur trop haut pour qu'il ne puisse l'escalader. Pas de prises, rien. Aussi lisse que de la glace, il ne pourrait jamais le franchir. Foudroyant la pierre du regard, il demanda à Gaïa ce qu'il y avait derrière cet obstacle. L'oiseau jeta un œil, lui envoya l'image mentale d'une affiche indiquant que c'était un Aquarium. Efficacement, le jeune homme se repéra dans la ville, hocha de la tête silencieusement et sortit du jardin pour se retrouver dans une rue animée. Quelques passants étonnés levèrent la tête lorsqu'il déboula de nul part, sautant simplement par dessus un mur trop haut pour qu'ils sachent ce qui se trouvait derrière. Aaron se redressa l'air de rien, se fondit dans les badauds comme s'il était là depuis le début. Dans quelques minutes, le vieil homme qui l'avait fixé de sa fenêtre ouverte sur la rue l'aurait oublié. Parfait. Il suivait les indications de Gaïa, regardant à peine en traversant la route. Une voiture le klaxonna, il l'ignora royalement et continua son chemin. Le jeune homme finit par arriver au guichet d'entrée de l'Aquarium et se retrouva sans qu'il sache trop pourquoi face à une guichetière. L'œil aguicheur, elle lui sourit de toutes ses dents, mâchant son chewing-gum à s'en décrocher la mâchoire.

« Je peux quelque chose pour vous ? »

Tout dans son attitude de blonde peroxydée agaçait le jeune homme. Il mit sa main dans sa poche, en sortit un billet de vingt. Entortillant son chewing-gum autour de son doigt comme une gamine, la guichetière lui fit un clin d'œil en prenant l'agent qu'elle glissa dans un comptoir. D'une voix qui lui donna envie de vomir, elle lui demanda si il savait qu'il y avait un spectacle l'heure qu'il suivait, commença à déblatérer des choses sans importances. Toujours de marbre, Aaron la fixa, attendant patiemment qu'elle se rende compte seule à quel point il la trouvait inintéressante. Finissant par piger, elle lui tendit son ticket en faisant la grimace et lui montra le chemin du bout du doigt. Le jeune homme étira une demi seconde la commissure de ses lèvres, comme s'il allait sourire. Mais jamais il ne se transmit à ses yeux. Viens Gaï. Il avait besoin d'ombre, du silence tranquille que seules les salles sous l'eau savaient offrir lorsqu'elles étaient vides. Et vu l'heure qu'il était il n'y aurait sûrement pas foule. Le pion sortit sa balle de sa poche, la lança en l'air et la rattrapa en regardant ailleurs. Laissant ses pas le guider, il atterrit dans une salle tapissée de velours sur où s'ouvrait un bassin où nageaient des poissons de toutes les couleurs. Pour seule lumière il y avait celle placée derrière les rochers, derrière la vitre, pour faire de l'effet, et celle des centaines de petites ampoules collées sur le plafond pour imiter un ciel étoilé. Voyant qu'il était seul, Aaron se détendit, calmé par l'ambiance feutrée de la pièce. Il recula, s'assit sur une butte couverte du même tissu sombre qui tapissait les murs. Il posa un avant bras sur son genou, l'autre jambe pendant dans le vide, laissa tomber sa tête en arrière pour s'appuyer contre le mur. Il ferma les yeux un instant, écoutant seulement le pas lointain des visiteurs dans les pièces d'à côté et le murmure de l'eau sur les vitres. Enfin seul. Ou presque. A peine quelques minutes après qu'il soit entré, une deuxième personne arriva, suivie de sa moitié. Le daëmon tacheté se leva sur ses pattes arrière, s'appuyant sur le vitre pour regarder les poissons nager juste sous ses moustaches. Le contraste de ses taches noires sur les diodes du plafond était magnifique à voir et Aaron sourit doucement sans faire de bruits. Gaïa posée sur son épaule, ils regardèrent la jeune fille entrer à la suite de son daëmon. De toute évidence elle n'avait qu'une peur, que la vitre cède sous son poids.

« Ne vous en faites pas, la pression de l'eau de l'autre côté est beaucoup plus lourde que lui. On peut y aller de bon cœur avant de la faire céder. » il se leva, rejoignit la jeune fille et mit ses mains dans ses poches en admirant les poissons. « Aaron. Et Gaïa. » ajouta-t-il alors que sa moitié voletait à leur droite.

Pourquoi il avait eut envie de lui parler ? Aucune idée. Pourquoi il la vouvoyait ? Aucune idée. Pourquoi ce petit sourire amical ? Non plus. Il fallait bien revenir à la normale à un moment ou un autre. Pourquoi pas maintenant ?

La vie n’est en réalité qu’un simple jeu de hasard. C’est ainsi qu’on fait des rencontres, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Dans tout les cas, tu es la première depuis que mes poumons ce sont à nouveau remplis d’air.

Il fallait toujours qu’il fasse tout et n’importe quoi. Etait-elle la seule sur cette foutue planète à posséder un daëmon, censé être l’un des plus grands prédateurs terrestre, qui au final, se trouve béat devant une vitre à observer des poissons ?! Parfois elle se demandait s’il existait une véritable justice ou si, tout simplement, la nature lui avait attribué le pire des abrutis. Le voilà comme une peluche, son museau collé contre la paroi lisse, affichant un air de vainqueur. Décidément elle n’était pas gâtée la pauvre fille. Après avoir constaté que le plexiglas n’avait pas cédé, elle parcourra la salle du regard durant quelques instants. Cet endroit était étrange, comme si tout ici était censé nous faire penser à l’océan vu de nuit. Un souvenir s’afficha alors dans sa mémoire, tel un flash douloureux. Elle revit la plage de sable blanc, puis un bar en compagnie d’un très vieil ami. Une énorme dose d’alcool dans le sang puis enfin une nuit plutôt mouvementée. Chassant cette pensée en tournant vivement la tête, elle reporta son attention vers son jaglion. Sa fourrure tachetée semblait briller de milliers d’étoiles et elle se calma quelque peu, oubliant la colère qui avait débuté contre lui. * Tu devrais venir ici plus souvent, cet éclairage te va à ravir monsieur l’appaloosa. * Un grondement sourd se fit entendre tandis que le spécimen laissait enfin la vitre tranquille. * Critique pas mes taches où tu risques de le regretter. * * Mais oui minou, va faire mumuse un peu plus loin. * Lui dédiant alors un parfait sourire, elle entendit la voix d’un inconnu résonner dans la pièce. Ce ne fut qu’à cet instant qu’elle remarqua sa présence et eut une moue quelque peu gênée. Depuis quand était-il ici lui ? A vrai dire elle n’en avait aucune idée et se reprocha le fait de ne pas être assez concentrée.

« Oh ce n’est pas de son poids que j’ai peur, mais de sa bêtise et de l’impact de ses griffes. » Lui souriant amicalement, elle adressa un signe de tête à Gaïa avant de replacer l’une de ses mèches de cheveux sauvages. « Abby et l’autre là-bas c’est Gäldhiem. »

Ba quoi, c’est vrai non ? Il suffit qu’il fasse un petit trou dans la vitre non pas dans toute la largeur de la plaque mais seulement un petit impact comme un caillou sur un pare-brise et avec son poids de mastodonte, il pourrait fissurer le verre et passer à travers, apportant ainsi les poissons jusqu’à leur pied. *0* C’est toute une logique. Merci de ne pas s’inquiéter de l’état mental de la jeune femme. ^^ Abby se concentra sur les nouveaux venus et elle détailla rapidement le dénommé Aaron. Si elle se souvenait bien, il s’agissait d’un pion à LD. Elle en était ainsi persuadée car elle l’avait déjà croisé dans un ou deux couloirs mais sans jamais lui avoir parlé. Pourquoi ? Elle-même n’en avait strictement aucune idée. Pas le temps, peut-être pas le moral aussi…

« Jour de congé ou envie de liberté ? »

Bon ok y’avait mieux mais là sur l’instant, elle ne trouva pas grand-chose à dire à par cette simple phrase anodine et qui pourtant signifiait beaucoup pour elle. Sa tête émergeait enfin de l’eau, il fallait apprendre à revivre, comme autrefois. Alors autant commencer par le début n’est-ce pas ? Et puis, Aaron semblait être quelqu’un de communicatif car le sourire qu’il arborait se propagea sur mes lèvres. Les yeux brillants, il eut durant un petit laps de temps, des flammes grises qui dansèrent en ondulant.

Le puissant jaglion descendit de son perchoir et s’approcha des deux nouveaux. Il porta automatiquement son attention vers la zoziotte. Elle est toute mimi la petite bestiole. * Hey, Abby tu penses que je peux croquer du piaf à la place des sushis ? * * Gäld… t’es désespérant mon pauvre. * Le félin émit un ricanement qui ressemblait plus à un rugissement avant de poser son regard vert sur la jolie Gaïa. S’asseyant sur ses pattes arrières, il rabattit sa longue queue tachetée sur ses pattes avant de sourire à l’oiseau. Décidément, monseigneur était dans un bon jour pour ainsi paraître aussi amical. Ses oreilles rondes se pointèrent vers celle-ci tandis qu’il entrouvrait doucement sa gueule, ne prenant plus attention aux paroles de son humaine.

« Enchanté Gaïa. Tu aimes les poissons toi aussi ? »

--' Bienvenu au pays de Candy, Gäldhiem dans le rôle du gamin attardé et la pauvre Gaïa qui allait surement devoir le supporter. Le jaglion observait le daëmon avec un sourire niais, tandis que ses prunelles d’un vert piquant brillaient d’une lueur enfantine. Décidément, on le changera jamais celui-là… S'il existait pas, faudrait l'inventer.

La simplicité. La beauté dans la simplicité. Le bonheur dans la chose la plus simple au monde. Après tout, c'est vrai, quoi de plus simple qu'un sourire ? (:

Abby. Gäldhiem. Hochant silencieusement de la tête, Aaron imprima les visages et les prénoms dans son esprit. Il n'oubliait jamais ce genre de détails. Un rire amusé s'échappa de ses lèvres, lui tirant un mince sourire malicieux. Il sortit une main de sa poche, se gratta l'arrière de la tête en se la passant dans les cheveux. Les poissons continuaient leur ronde incessante, tout en couleurs et en vitesse. Certains jouaient à se nager après, d'autres se laissaient paresseusement dériver dans les courants que créait une sonde à l'intérieur du bassin. Le bruissement de l'eau contre le verre semblait créer une bulle dans la pièce, comme si Abby, Aaron et leurs moitiés respectives étaient seules au monde. Le pion joignit ses deux mains derrière son dos et s'étira en les ramenant au niveau de sa tête, souriant à la question de la jeune fille. Sa main vint passer sur les muscles douloureux de sa nuque et il tourna la tête vers elle, toujours souriant.

« Envie de congés. » répondit-il, une étincelle de malice traversant ses yeux gris.

Mais elle n'avait pas tord, ces congés là, il les avait prit sans rien demander à personne. Après tout ,si Unless avait envie de le virer, qu'il ne se gêne pas. Au moins ça serait la dernière chose qui déciderait Aaron à partir. En quelque sorte il l'aurait aidé à faire un choix. La voix ronronnante du daëmon d'Abby retentit dans la pièce, faisant vibrer ses longues moustaches par la même occasion. Intéressée, Gaïa vint voleter à côté de lui, riant à sa demande on ne peut plus étrange.

« J'aime leurs couleurs. Même s'ils ne sont pas aussi colorés que moi . Ça va, tu assure niveau couleur toi aussi, c'est classe les taches, surtout avec la lumière tamisée là. »

Aaron arqua un sourcil, regarda Gaïa. « Quoi ? » « Non rien... » « Mais va-y, lâche le morceau ! =O » « Depuis quand t'es devenue fan des compliments ? » « Tant qu'on me les rend *__* » Aaron leva les yeux au ciel en secouant la tête et l'oiseau lui tira la langue joyeusement. Elle se fichait de lui et il le lui rendrait bien, mais plus tard. Se re-concentrant sur la jeune fille, il fronça légèrement les sourcils également.

« Il n'y avait pas de grève prévue aujourd'hui pour les profs, que je sache... Tu sèche ? »

Le ton totalement détaché de sa voix montrait à quel point il ne comptait pas faire son "pion de base", c'est à dire la renvoyer immédiatement en cours. Il était mal placé pour faire la morale à quelqu'un, surtout qu'en ce moment même il "séchait" aussi... Il sourit même à Abby, histoire qu'elle ne puisse pas douter. De toute manière elle n'avait pas l'air du genre à trembler dès que l'ombre d'un pion apparaissait au tournant d'un couloir. Un petit poisson très coloré sembla se rendre compte de la présence des visiteurs et se rapprocha de la vitre, se colla à elle sans lâcher Gaïa des yeux. Amusée, l'oiseau s'arrêta à son niveau, se décala à droite, à gauche, riant en voyant que le poisson faisait comme elle. Un deuxième vint se joindre au ballet, ajoutant ses propres couleurs au tableau. Attirés comme des papillons devant une lumière, ils se regroupèrent autour du daëmon qui commença à se sentir légèrement observée... et copiée dans chacun de ses gestes. Aaron sourit, regarda avec amusement le manège de sa moitié.

« Encore une marée de prétendants Gaï ? » railla-t-il en secouant la tête, cherchant le regard d'Abby sans cesser de sourire doucement.

Émerveillée, l'oiseau ne lui répondit pas, éclata de rire et voleta vers le daëmon d'Abby, pour voir si les poissons allaient le suivre lui aussi. Il ne manquerait plus qu'on soit obligé d'en ramener à l'université !

Up ?