си летял - envoles toi.

Et comme des Fleurs De Glace
On grandit dans la nuit
La lumière nous efface
Dans la noirceur on vit
Eisblume

f r e e

[list]Sans aucun but, une silhouette dévalait les rues d'un pas rapide. Non loin de cette ombre humaine galopait un canin aux couleurs sombres et or. L'allegresse gagnait le coeur de l'humaintel l'incendis avalant les forêts sèches du pourtours de la méditerrannée. Son esprit était si légé, en harmonie avec ses sens, rien ni personne ne pourrait l'arrêter. Ses yeux de couleurs différentes parcouraient le ciel à la recherche d'un nuage, ou d'un oiseau. A chaque seconde, chaque minute, chaque battement de coeur il manquait rentrer dans une personne. Qu'importe, le dieu est sur terre, il évite chaque obstacle. Dieu tzigane, coeur manouche, esprit gitan et déstinée nomade. De nombreux magasins semblaient vouloir lui ouvrir leurs bras remplis de vêtements derniers cris, jeans de meilleure facture, chemises moulantes ... mais lui portait sa tunique noire, juste assez déchirée sur son torse pour laisser s'échapper ses deux plumes. Ramiges d'un aigle des steppes, symbole de liberté, porte bonheur ou porte malheur, qu'importe, elles étaient lui, lui était lycaon et lycaon était Lyshcàn. Mi-hyène, mi-loup, l'animal se jouait des passants, leurs faufilant entre les jambes, accrochant entre ses crocs de nâcre l'un ou l'autre accessoire précieux ou non, qu'il ne manquait de laisser tomber quelques pas plus loin. Bêtises de gosse ? Qu'importe.

Faisons la course, le gitan ... hurla mentalement un Lyshàn déchaîné.

Les yeux du lycaon devinrent fentes, ses foulées s'allongèrent et ses oreilles démeusurées vinrent naturellement se plaquer contre sa puissante nuque. Le jeune bulgare s'amusa à laisser son daëmon le dépasser, il savait ce qui n'allait tarder à arriver. Le désir de course folle se mua en réalité, le rêve bascula dans le monde des hommes. Sa peau hâlée se recouvrit en quelques instants d'un poil sombre, un pelage nuit. Son sourire se para de deux crocs aigusés. Ses yeux se réduirent, concervant leurs teintes océan et ocre. Dans un tourbillon de pensées, son sentiment de liberté, de course devança sa réalité. L'homme n'était plus homme, le loup remplaçait l'homme. Un puissant animal au regard accéré courrait maintenant dans la rue. A son cou pendaient deux plumes, accrochées par un fil de lin. Ses foulées amples s'allongèrent à leur tour. Hurlant un cri bestiale, il ne tarda pas à rejoindre son compagnon. Le lycaon bondit sur le trottoire d'en face, tentant de semer son humain sous l'une de ses formes bestiales. Mais daëmon et humain sont liés, ils ne font qu'un. Le loup devança la pensée de son compère, ses pattes musclées rencontrèrent le sol du trottoire bien avant le jeune lycaon.

Dans sa folie, Flàam ne vit pas la voiture. Ses yeux se figèrent qu'au moment où le choc devenait inévitable. Le loup se serait méfié, l'humain avait foncé. Le hurlement du lycaon accompagna le crissements des pneus. Un nuage de fumée noire se dégageait encore de l'endroit où se trouvait un fragment de temps avant le bulgare. Plus de trace, plus rien. Une dixaine de mètres au dessus de ce qui faillit être un accident planait majestueusement un immense aigle noir. A son cou pendaient deux plumes, accrochées par un fil de lin. D'un cri strident, Flàam adressa un rire à son daëmon qui l'observait d'un regard noir.

On continue la course, le clebs, le premier arrivé au parc ... clama mentalement le bulgare à l'allure d'aigle noir.

Sans demander son reste, le lycaon détalla à travers les petites ruelles. Se gardant bien de ne pas dépasser les limites du raisonnable vis à vis de son daëmon, Flàam monta le plus haut possible pour observer de son regard perçant mais encore et toujours vairon cette ville qui venait tout juste de l'accueillir. Il sentait le contact si familier du vent sur ses ramiges, celles-ci vibrantes lui permettaient une précision sans faille dans le labyrinthe des courants d'air chauds et froids. Tordant la tête, il eut l'espace fugace d'un instant la vision de la nature au delà des limites de leurs ville. Une faible douleur commença à monter à travers ses muscles. Son daëmon était trop loin, il était temps de quitter le paradis des cieux. D'un geste brutal, il replia ses ailes pour plonger sur ce qui semblait être n'importe où ... sa chute libre dura très peu de temps, en deux battements d'ailes, il corrigea sa trajectoire pour la terminer très précisément au coeur du parc de l'université. En un battement de coeur, il repéra son daëmon qui courrait ventre à terre jusqu'à l'arbre que tout deux s'étaient mentalement imaginé comme la ligne d'arrivée. Allongeant le cou, il se laissa aller durant encore quelques mètres à la griserie d'une descente rapide. Avant l'impact fatal avec le sol, l'immense aigle noir ouvrit ses ailes.

« Alors l'escargot, on traîne en route ? » lança Flàam, à peine redevenu humain et adossé contre l'arbre, il observait d'un regard moqueur son daëmon essouflé qui s'écroulait à ses côtés.