Behind the Wind. Under the Moonlight. [Rayllyn]

[ Désolée du retard é___è ]

Il est des moments que nul ne peut déranger. Que nul ne peut gâcher. Ces moments de joie intense que rien ne peut détruire auquel aspire de tout son être tout être humain normalement constitué.

28 Février 2010 - 23h59.______________________________1er Mars 2010 - 0h00.

« ♪ Joyeux Anniversaire Aaron .. Joyeux Anniversaire ♪ »

Sa voix s'élevait faiblement dans les airs, chassée par le vent qui agitait les tournesols autour de lui. Amer. Triste. Cynique. Ces adjectifs pouvaient parfaitement décrire le ton de sa voix. Aaron se mit à rire tout seul, maudissant les derniers évènements qui lui pourrissaient la vie. Où il en était avec Katey ? Aucune idée. Où il en était avec Lauriane ? Aucun idée. Où était Loewer ? Pareil. Décidément, il y avait des zones obscures sur son présent qui l'agaçaient au plus haut point. Un sourire amer étira ses lèvres. Au moins il ressentait quelque chose. C'était déjà ça. Il ressentit l'arrivée de Gaïa plus que l'entendit, le bruissement des feuilles cachant tout le reste. L'oiseau se mit à voleter au dessus de lui, tenant dans son bec une sorte de roseau qu'elle vint déposer sur son torse. Aaron ouvrit les yeux, releva légèrement la tête.

« Tu sais que pour la plupart des gens, être allongé dans un champ de tournesol, seul, ou presque, à minuit en plein début printemps, c'est le début de la folie ? »
« Un brin de bravoure pour trois grains de folie. » cita Aaron en souriant doucement.
« Brom, sort de ce corps ! »

Aaron eut un rire bref et attrapa la tige qu'il fit rouler entre ses doigts. C'est mon cadeau d'anniversaire ? L'oiseau se mit à sautiller sur son T shirt en piaillant joyeusement. Elle cessa de s'agiter et sourit malicieusement.

« Théoriquement c'est pas ton anniversaire. Peut être que l'année prochaine sera bissextile ? Je ne sais plus. En tout cas, pas de 29 Février cette année ! Après on se demande pourquoi t'es toujours un gamin... C'est normal ! T'as même pas 10 ans =') »

Exactement. En même temps il n'avait pas vraiment de date d'anniversaire puisque son premier souvenir remontait d'il y a 20 ans. Il se souvenait d'une ruelle, de sa peur et de sa colère. Si ça se trouve j'ai que 20 ans moi aussi ! =O Gaïa ricana d'un air peu convaincu et s'allongea sur son torse sans le lâcher des yeux. Mettant un bras derrière sa tête, l'humain soutint ce regard, s'y perdit comme à chaque fois. L'oiseau soupira doucement.

« Contente de te voir de retour. »

Aaron sourit caressa ses plumes d'un doigt, oubliant momentanément ce qui les entourait. Les immenses fleurs jaunes étaient tournées vers l'Est, attendant désespérément les premiers rayons qui perceraient le ciel. Pour s'occuper un peu, Aaron tenta d'utiliser son pouvoir d'une façon différente. Les séismes étaient assez catastrophiques, sans parler de ce qu'ils réveillaient en même temps. Le jeune homme ferma les yeux, chercha seulement à ressentir la Terre. Les minutes passaient, longues, froides, vides de sensations. Pour changer il n'y arrivait pas. Il finit par ouvrir les yeux en soupirant, croisa le regard de Gaïa qui ne l'avait pas lâché des yeux. Je sais, je sais, c'est pas grave. Pourtant ça l'énervait assez de ne pas réussir à contrôler comme il voulait son don. Mais bon. Ça, c'était quelque chose que personne ne savait. Et c'était très bien comme ça, ça ne devait pas changer.

« Un de ces jours il faudra l'enlever cette carapace... » déclara Gaïa sans trop y croire.

Et toi, y'a des jolies couleurs dans tes chaussettes?
«D'âge en âge, on ne fait que changer de folie.»

La jeune femme se jeta affectueusement sur le canidé et le serra avec tendresse dans ses bras. Un sourire se dessinait sur ses lèvres, futile, discret, doux et sincère. Elle adorait ces moments câlins avec Meenënëko. Ils avaient le don de lui remonter le moral, de lui réchauffer le cœur. Elle se sentait toujours bien après. Légèrement euphorique quelques fois. Mais cela ne dérangeait pas le mâle. En dépit de son naturel cynique, il appréciait cette petite folie qui animait chaque geste de Rayllyn. Elle était juste pétillante. A l'inverse de lui qui aimait tout planifier, la belle préférait de loin vivre au jour le jour, sans jamais se soucier de demain. Mee' était beaucoup plus rationnel, ce qui se montrait régulièrement utile. Il savait parfaitement ramener Rayllyn dans le droit chemin afin de lui éviter qu'elle ne s'égare trop. Il était en quelque sorte son guide, sa voix de la sagesse. Son coté protecteur rassurait toujours la jeune femme, l'appuyait dans ses décisions. Une chose est sûre, sans lui elle n'était rien. Sans elle il n'était rien. Ils étaient très différents, mais dans leurs imperfections: ils se complétaient.

Meenënëko sourit en regardant Rayllyn qui avec peu d'entrain se leva du canapé pour se diriger vers le frigo. Elle était enveloppée dans un long peignoir, prête à aller se coucher. Mais elle ne se sentait pas franchement fatiguée. Saisissant le pot de Ben&Jerry's au chocolat et aux noisettes, elle demanda à son daemon si une petite promenade improvisée lui conviendrait. Elle avait besoin de sortir, de sentir l'air frais, de frissonner dans la nuit noire. Ce dernier accepta tout en se disant qu'il avait bien un petit quart d'heure pour flemmarder avant que mademoiselle soit prête et ait finit sa glace.

Rayllyn posa son pot sur le vieux meuble près de la porte d'entrée qui lui servait de placard à chaussures et alla enfiler un jean serré ainsi qu'un grand pull en laine bien chaude. Elle revient dans l'entrée, saisit son pot de glace, enfila ses converses et s'apprêta à sortir. Le canidé la rejoint et le regard étincelant lui apporta les clefs de l'appartement qu'elle avait oublié sur la table basse.

D'un pas jovial, les deux inséparables entamaient leur promenade nuptiale dans le plus grand secret. Personne n'était dehors à cette heure-ci, à croire que les chouettes effrayaient tout le monde. Mangeant tranquillement sa glace, Rayllyn s'amusait à tournoyer sur elle-même. Meenënëko l'observait d'un œil à la fois amusé et désespère. Se laissant guider par leurs pas respectifs, ils se retrouvèrent bientôt encerclés par d'étranges fleurs jaunes.
La jeune fille cru d'abord à une hallucination et demanda au grand chien de la pincer du bout de ses dents. Non elle ne rêvait pas et sous ses pieds s'étendait le plus beau parterre de fleurs qu'elle n'eut jamais vu. Dans l'insouciance la plus total, elle se laissa bercer par le souffle de la plaine et se mit à danser, manquant d'échapper sa glace qu'elle rattrapa de justesse.

Le calme avait envahit sa chambre. Le silence lui fit ouvrir les yeux en sursaut. Enfin la nuit. Il sourit d'un sourire jaune, bien que ses dents avaient tout de la blancheur de la neige. S'étirant comme un félin, il se leva souplement de son lit, s'approcha de la fenêtre silencieusement. Il écarta le rideau, riva ses yeux au ciel. Celui ci était rempli de nuages. Patience, elle viendrait bientôt. D'un claquement de langue il indiqua à son daëmon qu'il sortait. Une masse sombre étendue dans un coin de la pièce se releva, suivit d'un pas de chasseur son humain. Il ouvrit la porte, inspira profondément l'air glacé de la nuit. Et toutes ces autres odeurs qui venaient l'assaillir, irrésistibles et nouvelles. Ça faisait quelques jours qu'il était dans cette ville et elle était plus qu'exotique. Il y avait de tout ici, et chacun venant d'origines différentes ils avaient tous leur petite particularité délicieuse. Dans cette rue par exemple, le goût épicé venu fraichement d'Inde lui avait ravit le palais, et s'il n'y avait eu d'autre mets divers et variés à sa disposition il n'en aurait fait qu'une bouchée. Mais ce soir il ne voulait pas manger en ville. Ce soir il avait envie de nature. Sans se départir de son sourire amer, il sortit de la ville en prenant un bus, résista à la tentation en voyant un piéton passer, tenant on ne savait quelle nourriture dans ses mains tremblantes de froid. Pas encore, elle viendrait bientôt, réveillerait ce qui couvait au fond de son âme.

Il arrivait maintenant dans un champ d'immense fleurs dorées. L'odeur qui se dégageait des végétaux était agréable mais quelque chose de plus subtil, de délicieusement appétissant lui venait également aux narines. Comme quoi, Elle était avec lui. Jetant un bref coup d'œil vers le ciel toujours désespérément chargé de lourds nuages il soupira, se dit qu'il devait attendre son heure. Qu'elle viendrait forcément. Il posa sa main sur le poil rêche de son daëmon et d'un commun accord ils se séparèrent. La bête devait chasser. Il se passa la langue sur les lèvres, continua de marcher sur la petite route de campagne qui longeait le champ de Tournesols. Ces fleurs n'aspiraient qu'au soleil alors que lui ne vivait que pour la nuit. Oh oui ! La nuit ! Ce qu'elle pouvait être belle ! Ce qu'il pouvait l'aimer, la chérir et maudire l'astre du jour à chaque fois qu'il était obligé de se plier sous ses rayons, alors qu'ils lui brûlaient l'échine ? La lune était tellement douce. Sa mère était tellement douce. Oui. Oui, ce soir il lui rendrait une nouvelle fois honneur. Frémissant d'impatience, il se dirigea vers les deux inconnus qu'il avait repéré. Prenant bien soin de faire un peu de bruit pour ne pas les prendre par surprise, il arriva en face de la jeune fille, jeta un coup d'œil vers l'homme qui était allongé dans l'herbe.


« Bonsoir. Belle nuit, n'est ce pas ? » et il riva ses yeux vers le ciel, un sourire euphorique étirant ses traits.

Le vieux. Le VIEUX ! Et dire qu'il devait supporter ces gamins à longueur de journées. parfois, Aaron se demandait comment il faisait. Malicieusement, Gaïa lui fit remarquer que c'était parce qu'il était sûrement aussi gamin qu'eux. Le pion ne put retenir un petit sourire, ouvrit les yeux un instant pour voir à qui il avait affaire. Ce visage lui disait quelque chose. Ah oui. Il se souvenait maintenant. Elle s'appelait Rayllyn, c'était tout ce qu'il savait, et qu'elle avait également manqué de défaillir dans un manège sans son "soutient". Aaron se redressa en soupirant sur ses coudes, se demandant s'il devait faire comme s'il ne l'avait pas vue, se rallonger, fermer les yeux et attendre simplement qu'elle s'en aille. Alors qu'il décidait que c'était la meilleure des choses à faire, un bruit de pas étouffés lui fit tourner la tête rapidement. Un homme apparu entre les immenses fleurs jaunes. Décidément c'est un moulin ce champ ! Se redressant souplement, Aaron détailla rapidement l'inconnu. Grand, brun, il y avait quelque chose en lui qui faisait se dresser ses cheveux sur sa tête. Mais il n'avait pas l'air particulièrement agressif alors le pion passa outre. Seul son immense sourire était déstabilisant. Il ne l'avait jamais vu par ici et ses vêtements déchirés par endroits lui donnait un air d'évadé de prison.

« Tant qu'il ne pleut pas... »

Et comme si le ciel lui même l'avait entendu, de fines gouttes de pluie se mirent à dégringoler des hauteurs, insaisissable crachin. Si elle ne mouillait pas, la pluie refroidit immédiatement l'atmosphère, la rendant étrange. L'homme éclata d'un rire qui se voulait joyeux. Sans savoir vraiment pourquoi, Aaron pensa immédiatement qu'il ne riait pas pour la même raison que n'importe qui face à cette situation. Il avait plutôt l'air de se contrefoutre de la pluie, ses yeux étaient seulement rivés sur les nuages qui commençaient à s'effilocher à l'Ouest, laissant apparaitre de plus en plus la clarté de la lune.

« Elle vient ! Elle vient ! » s'extasia l'homme, euphorique.

Gné ? C'était quoi son problème ? Il aimait tant que ça la lune ou alors quelqu'un d'autre arrivait ? Aaron jeta un œil vers Rayllyn, ne fit pas de commentaires. De toute façon il allait se casser dans moins de deux minutes. Une violente bourrasque traversa le champ, faisant pencher dangereusement les grandes fleurs. Le jeune homme rentra la tête dans les épaules, ouvrit son pull pour que Gaïa puisse s'y réfugier. Écartant les deux bras, l'inconnu éclata de rire, ses pupilles se remplissant de la lumière qui se dégageait de plus en plus nettement du ciel. Rondes. Puis de plus en plus fines. Jusqu'à finir verticales, comme celles d'un chat. Aaron fronça les sourcils, sentit un frisson remonter le long de son corps. Okay. Là, c'est foutrement pas normal. Comme s'il se rendait de nouveau compte de leur présence, l'homme se retourna vers eux, un sourire dément aux lèvres.

« Je vous l'avait dit. Maintenant, j'ai besoin de vous. »

Son sourire devint plus mince, des crocs percèrent sous sa lèvre inférieure et des griffes commencèrent à pousser au bout de ses doigts. Ayant un mouvement de recul, Aaron ne put retenir un souffle de surprise.

« Bordel, qu'est ce que.. »

Un long hurlement à faire peur à un loup s'éleva autour d'eux, semblant venir de partout en même temps.

Il se passa la langue sur les lèvres, l'envie de sang était là, plus forte que jamais. Il entendit son daëmon lancer le signal. La chasse avait commencé.

[ Aouuu ? (a) xDD ]

Up ?