Because there's always another way out. { Gabriel Lackey

La léopard trottait à travers la foret, retrouvant ses marques, sa nature. Derrière elle courrait sa moitié, Gabriel retrouvait la forêt, et la vie par la même occasion. Il avait décidé de troqué ses habituelles converses, son habituel jeans et ses débardeurs démodé pour une tenue plus légère. Un short, des pieds nus, un torse nu. C’était ça la liberté. Elendil s’arrêta quelque instant, trop heureuse de profiter enfin d’un lieu qu’elle connaissait. Ils avaient toujours vécu dans la forêt, retiré de tous. Machinalement, en s’arrêtant près de sa daemon, il se frotta l’omoplate, là où il savait le tatouage en forme de triangle, trois petits points pour signifier qu’il était un homme. Signe de son passé maintenant.

« La distance qui te sépare d’eux n’existe que physique. Ils sont dans ton cœur, et tu es dans le leur. »

Gabriel caressa la tête de sa belle. Elle avait surement raison, comme toujours, mais il ne pouvait s’empêcher de penser à eux, souvent, trop souvent et même tout le temps, ils étaient cette famille qu’il avait eux pendant 14 ans. Restant silencieux pendant quelque instants il se remit en marche. La léopard passa par un autre chemin, elle avait besoin de courir et même si elle aimait son petit être à quatre pattes, il allait toujours trop lentement pour elle. Gabriel continua donc sa route plus calmement à travers les arbres. Il aperçut un sentier et décida de le traverser pour continuer sa route dans les arbres, il n’allait pas rester sur un chemin tout fait. Les branches craquaient sous ses pieds et il n’entendait plus aucun bruit, Elendil était trop silencieuse pour qu’il l’entende. Il entendait ses pensées par contre, elle semblait troublée.

* Reviens près de moi ma belle, c’est dur quand tu n’es pas là. *

Et tandis qu’il continuait à avancer, il arriva sur le chemin et tomba nez à nez avec un énorme bison. Sous la surprise, il recula d’un pas et sa main chercha le pelage de sa daemon absente. Puis il remarqua une jeune femme sur le dos de l’animal, une jeune femme qui semblait fragile, tellement par rapport à l’animal puissant sur lequel elle était perchée, c’était impressionnant.

« Bonjour ! »

Sociabilité à toute épreuve, Gabriel n’avait pas peur, après tout, le bison n’allait rien lui faire et Gaby n’était pas ici depuis longtemps, il ne connaissait pratiquement personne, il aimait les nouvelles rencontres et le moment lui avait donner la chance d’en faire une. Tout à coup, il sentit un frolement contre sa jambe, Elendil l’avait rejoint. Elle fixait les deux inconnus d’un air froid, les jaugeant. Si Gabriel voulait faire de nouvelle rencontre, elle preferait qu’il n’en fasse pas, il était trop naïve, il faisait confiance trop facilement. Et cette grosse bête brune lui donnait encore moins confiance que beaucoup d’animaux qu’elle avait croisé jusqu’à maintenant. Gabriel passa une main dans le pelage blanc de sa daemon.

* Calme-toi Elendil.
Prudence est mère de sureté Gabriel, quand tu auras appris ça, tu auras gagné en sagesse.
Arrête, je ne crains rien. *

Et il avança d’un pas en direction du bison, sans offense bien sur. Elendil resta collé à lui, garde du corps fantôme dont les crocs n’hésiterait pas à se planter dans la chair de l’animal au moindre geste agressif.

« Bonjour, je m’appelle Gabriel. »

S’il s’était attendu à ce genre de réaction, il aurait passé son chemin. Le bison commençait à lui faire un peu peur et il recula d’un pas. Comment ça embobiner ? Il ne comprenait pas tout là. Elendil se plaça devant lui, il pouvait sentir la colère de sa daemon. Elle commençait à s’énerver. Et puis pourquoi est-ce que le gros bison commençait à dire qu’Elendil s’appelait Patty ? Il ne comprenait vraiment plus rien, mais s’il n’arrêtait pas de l’agresser, la léopard allait vraiment s’énerver. Gabriel fronça les sourcils, il recula à nouveau, presque imperceptiblement, ses capacités félines l’aidaient à faire ça dans la douceur et sans bruit.
La léopard feula en direction de l’animal, ses griffes épousaient le sol meuble.

« Si tu as le moindre problème contre Gabriel, tu auras affaire à moi. »
« Elendil ! Calme-toi. »
La féline feula à nouveau.
« Ecoutez, je ne voulais pas vous énerver, je m’excuse. Je me suis dis que nous pourrions faire connaissance. »

Il recula encore d’un pas, tout ses sens en alerte. Il avait peur pour Elendil. La féline recula elle aussi, les babines toujours levées, elle n’avait pas peur, mais elle sentait l’inquiétude de son humain, et elle ne voulait surtout pas qu’il continue à s’inquiéter pour elle. Un bison, c’était un sale gros mufle avec plein de poil brun, un coup de dent bien placé et il serait mal en point. La léopard partagea cette pensée avec son compagnon qui la réprimanda mentalement. Il détestait quand Elendil s’énervait et devenait agressive. Il préférait nettement quand elle était calme et paisible. Comme il la connaissait.

« Tu t’appelles Patty ? »

Voila, Gabriel venait de nouveau de laisser aller en avant avec sa sociabilité. Et puis la jeune femme semblait tellement fragile. Bien sur, un gros bison pouvait la protéger, mais l’était-elle vraiment ? Tout à coup, Gaby avait envie lui aussi de pouvoir la protéger. Comme Elendil le disait souvent, c’était son coté bon samaritain. Mais Gaby lui répliquait que non. Et puis non, il aimait les gens, il aimait les aider, et la demoiselle blonde qui se trouvait sur le dos de cet énorme herbivore lui donnait vraiment envie de l’aider. Et il l'avait fait pleurer apparement.
Elendil se replaça devant lui, prête à bondir sur l’animal marron s’il faisait le moindre mouvement agressif envers son petit protéger.


« Ne pleurs pas. Je suis désolé. »

Quand elle vit le bison sur le point de se baisser, la féline se recula pour montrer qu’elle n’allait pas l’attaquer, de toute façon, elle n’était pas une déloyale qui attaquait les autres quand ils étaient dans une position de faiblesse. Un félin est loyal. Un félin se bat seulement si nécessaire. Et apparemment, le bison ne semblait pas sur le point de l’attaquer. Enfin si, mais il tenait trop à sa protégée pour faire quoi que ce soit qui pourrait la blesser. La jeune femme s’approcha et Gabriel intima à Elendil de reculer. La léopard vint se coller à son pied et baissa les babines. Cette fille avait l’air tellement fragile. Elle ressemblait à une poupée de porcelaine qu’un tout petit coup aurait pu briser. Mais lui, il avait surtout envie de la protéger.

« Gabriel, Gabriel Lackey. »

Prénom stupide que son père lui avait donné en référence avec l’ange Gabriel. Parce que selon son grand père, il fallait contrer la malédiction des Lackey, et le seul moyen, c’était d’appeler leur fils de la même façon qu’un archange. Ridicule puisqu’il était mort quand il avait 14 ans. Ouais, de toute façon ça n’avait pas marché et il y avait toujours une malédiction. Mais pas de celle que son grand-père pensait, simplement de cette malédiction qui font des orphelins.

« Et je vous présente Elendil. »

La léopard hocha la tête, comme pour la prévenir qu’elle avait enterré la hache de guerre. Elle n’était pas du tout contre les autres, même si elle ne les aimait pas. Mais elle ne pouvait pas supporter qu’on s’en prenne à Gabriel et elle réagissait toujours de manière excessive quand il s’agissait de sa moitié. La féline fixait le bison, elle avait n’avait pas peur de la taille de l’animal, le bison c’était vraiment très bon comme animal d’ailleurs.

* Gabriel, je suis pas sur que rester ici soit une bonne idée. *
* Calme-toi ma Della, ça va bien ce passer je te promet. *
* Regard cet espèce de gros buffle ! Ca ne se passera pas bien s'il te charge. Je n'ai pas envie que tu te fasses écraser. *
* Elendil ! S'il te plait. Regarde cette poupée de porcelaine. Elle a l'air tellement fragile. *
* Tu n'en as pas marre de toujours vouloir aider les autres ? *
* Tais-toi ! *

Gabriel ne bougea pas, il ne voulait pas se faire piétiner par un bison. Et même si Elendil lui envoyait des ondes positives pour lui faire comprendre qu’ils ne craignaient rien et même s’il avait toute confiance en sa belle, il n’avait pas confiance en la grosse bête qui semblait prête à piétiner sa protectrice.

Étrange, beaucoup trop étrange. Elle remonta sur le dos de son daemon et ceux-ci s’en allèrent. Gabriel resta debout sans bouger, il ne savait pas quoi penser. Cette rencontre était des plus étranges, cette fille semblait tellement fragile et elle semblait ne pas pouvoir s’en sortir. Et puis, comme lui fit remarquer Elendil, son daemon semblait trop protecteur pour qu’elle puisse s’ouvrir aux autres. Gabriel n’aurait jamais pu supporter que son Elendil soit autant protectrice et pourtant elle l’était, mais un daemon n’a pas à se mettre en travers de chaque rencontre. Il lui semblait aussi qu’il y avait un déséquilibre entre le daemon et la jeune femme. Jamais il n’avait vu couple si mal assorti.

* Si tu y tiens tellement, pourquoi tu ne la rattrapes pas ? *
* Tu crois que je devrais ? *
* Gabriel, je ne prendrais jamais les décisions à ta place. *
* Je ne veux pas d’une décision. J’ai besoin de conseil. *
* Ça fait bien longtemps que tu n’avais pas été attiré de cette façon vers quelqu’un. Et pourtant, je sais combien tu es altruiste. Rattrape la et fait ce qu’il te semble bon de faire. *

Le jeune homme regarda sa féline quelque instants puis lui sourit. Elle avait toujours les mots qu’il fallait pour le faire réagir. Il lui gratta derrière les oreilles et se mit à courir pour rattraper la jeune fille et son gros daemon. Ça ne serait pas difficile, ils allaient doucement et il était très à l’aise dans la forêt, il y avait le sol, qui épousait complètement ses pieds, et l’air qui fouettait son torse nu. Sa daemon trottait à ses cotés, elle ne pouvait pas aller plus vite, sinon elle dépasserait et elle aimait courir à ses cotés. En coupant à travers les arbres, il évitait de devoirs suivre les chemins qui partaient de la clairière et donc il allait plus vite. Levant la tête en courant, il flaira les alentours, il était tout près d’elle. Il accéléra le rythme et déboucha sur un chemin, juste devant un énorme bison.

Gabriel recula immédiatement, il était un peu trop près. Et Elendil se remit devant lui, elle ne leva pas les babines et n’émit aucun grognement. Elle jeta juste un regard au bison, avertissement qu’il était juste sa nourriture et que le contraire n’existait pas. Il était la proie face à un prédateur comme elle et au moindre mouvement, elle n’hésiterait pas à lui rappeler sa place dans la hiérarchie animale. Gabriel fit un signe de main à la jeune femme.

« Écoutez, je ne veux pas paraitre insupportable, tu me parait terriblement fragile et j’ai vraiment envie de faire votre connaissance à toi et à ton daemon. »

Gabriel vit les babines de sa daemon s’étirer imperceptiblement, mais il avait la vue plus développé et puis encore il connaissait la léopard qui lui servait de compagne, d’amie depuis bien des années et il savait qu’elle était fière de lui en ce moment même. Peu importe s’il l’entendait penser ou non. Il le savait. Il guetta le gros bison, attendant une réaction de sa part.