There are stars in my head... ~ Flàam

Il faisait chaud, et beau, et pas un gramme de nuage à l’horizon. C’était le temps idéal pour sortir, s’éclater dehors, ou bien s’allonger dans l’herbe et rêver de pouvoir voler. Oui, c’était tout ce que je voulais. Si seulement… on n’avait pas cours !! Bon sang, être enfermée pour écouter un prof déblatérer son cours absolument inintéressant, ça me révulsait. J’avais rongé mon frein toute l’après-midi, et la moitié du temps, j’étais restée le regard fixé sur la fenêtre, l’esprit éteint. J’ai même reçu des remarques désobligeantes, comme quoi bailler aux corneilles pendant une heure de classe c’est MAL. Le pire, c’est que vers 15h30, mon furet n’en pouvait plus de m’accompagner dans ce bourbier et s’est éclipsé pour aller gambader de toute son aise dans le parc. Sale petit vaurien ! J’aurais pu me glisser dans son esprit et exulter avec lui, mais j’étais trop jalouse pour arriver à une telle paix intérieure. Pour couronner le tout, j’ai eu le droit à une retenue qui m’a scotché à une chaise jusqu’au couché du soleil. Alors là, j’ai pété un câble. C’est d’ailleurs le fait de m’énerver qui a prolongé ma sentence jusqu’aux dernières lueurs du jour, que j’ai finalement regardé s’éteindre avec une profonde frustration.

Après être rentrée dans le dortoir et m’être douchée, j’étais d’une humeur sinistre, et bien décidée à aller dormir au plus tôt. Et puis, les heures passèrent. Ma camarade de chambre s’était endormie depuis longtemps, tandis que j’arpentai les tréfonds de mon cerveau sans y trouver le sommeil. Vers 1 ou 2h du matin, j’étais résignée à rester éveillée. En plus, je n’avais même pas pu profiter de quelques minutes d’air frais. Merde, alors, j’y vais ! J’enfilai un sweet par-dessus mon pyjama et glissai mes Doc Martens pieds nus. Je me vis un instant dans le miroir : mon allure avait quelque chose de très comique. Un peu comme si on mon chien m’avait tiré du lit pour aller le promener. Je pris d’ailleurs la Chose au passage, et le glissai dans la poche avant de mon pull, sans le réveiller. Il dormait bien ce sacré loustique, vu comment il s’était dépensé tout à l’heure. Mais je n’avais pas pu me convaincre de le laisser sur mon lit, sa petite présence poilue m’aurait manqué malgré tout. Forte de mon expérience, j’utilisai une ceinture attachée au levier de la fenêtre pour me hisser à l’extérieur. Ma chambre se trouvant au premier étage, la distance était raisonnable. D’un bond, je fus sur la pelouse, non sans me heurter les articulations. J’entendis un petit ronchonnement, mais mon compagnon ne se réveilla pas.

Bon, maintenant, il fallait choisir le lieu où vadrouiller tranquille, sans se faire repérer. La nuit était douce, presque chaude, et les étoiles étaient absolument magnifiques. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pris le temps de m’allonger un soir dehors pour observer la voie lactée. Je marchais, sans trop regarder où mes pas me menaient, le nez à moitié planté dans la voûte céleste, oubliant tous les évènements de la journée. Ce genre de petites escapades avaient le don de me mettre de bonne humeur et d’effacer les mauvais épisodes. Sans m’en rendre compte, j’avais traversé une petite forêt, et atterri sur une grande pleine calme et superbe sous la faible lueur des étoiles. La lune était entièrement plongée dans la pénombre cette nuit, et n’émettait pas de lumière intempestive, qui masquait la moitié des constellations. Ravie d’avoir trouvé ce petit antre sacré, je m’écartai des grands arbres fruitiers pour avoir une pleine vue sur le ciel. Je m’allongeai dans un coin où l’herbe était abondante et douce, prête à admirer un des plus beaux spectacles que la nature pouvait offrir. Il n’y avait rien de comique, ni de désopilant, comme ce que j’aimais d’habitude. Non, c’était juste beau. Et j’y étais sensible, même si cela ne me ressemblait apparemment pas.

Tandis que je sentais la lourde respiration de mon furet, toujours bien calé dans ma poche, je fixai intensément chaque étoile, et les figures qu’elles formaient, laissant mon esprit vagabonder à son aise. Le chant langoureux des criquets et cigales accompagnaient ma balade dans les confins de l’univers, et j’espérai pendant un cours instant pouvoir rester ainsi l’éternité.