Discussion pour le moins musclée[Eris]

La brunette Pauline avait relativement bien dormi pour une fois. La demoiselle étudiante en avait profité pour faire une grasse matinée. L'adolescente ne s'était réveillée qu'à 10h10. Son réveil n'eut pas à souffrir d'une violente secousse puisqu'il n'avait pas été allumé. Le sourire aux lèvres, la brunette se leva tranquillement et se prépara tout aussi tranquillement, pendant que son adorable petit fennec blanc prenait son temps pour émerger du sommeil profond dans lequel il était encore légèrement plongé. La jeune étudiante partit se lever puis s'habiller dans la salle de bains, attenante au dortoir, et en ressortit toute prête.

Zéphyr, qui était totalement réveillé, sauta du lit et rejoignit son humaine préférée, bien qu'il ait une affection toute particulière pour l'étudiant bulgare et son daemon. Pauline attrapa une brosse, achetée spécialement pour lui, et le brossa. Un quart d'heure plus tard, le fennec était tout beau pour sortir. Ce dernier eut d'ailleurs une envie subite d'aller bouquiner à la bibliothèque. Vêtue, comme à son habitude, d'un jean, d'un débardeur et de ballerines à talons, la demoiselle attrapa son sac et se dirigea vers la porte.

Les deux compères se dirigèrent, complices, en direction de la bibliothèque; bien que Pauline ne sache pas pourquoi son fennec blanc ait voulu rester cloitré à lire des bouquins au lieu de profiter pleinement du soleil. Retenant un soupir, la jeune étudiante suivit son daemon là où il le souhaitait, c'est à dire, la bibliothèque. Cependant, il en entendrait parler si elle venait à découvrir qu'il avait tout manigancé pour qu'elle se retrouve face à Flàamael et Lyshàn. Après plusieurs minutes de marche en silence, le duo inséparable arriva au lieu voulu. La brunette ouvrit la porte, permettant à Zéphyr de courir à travers les rayons de la bibliothèque, tandis qu'elle le suivait plus calmement. Pauline passa cinq bonnes minutes à chercher le fennec blanc avant de finalement le démasquer. Ce filou s'était caché dans le sac d'une étudiante, à qui elle présenta ses excuses.

Désolée du dérangement. Mon daemon est un peu trop foufou parfois.

Tandis qu'elle cherchait son fennec blanc, elle aperçut une forme bougeant dans un sac. Un sac qui devait appartenir à la jeune femme rousse en train de lire à ce moment même et qui n'avait franchement pas l'air commode du tout. Avant qu'elle n'ait pu faire un geste, un énorme puma arriva sans bruit, tenant Zéphyr dans sa gueule, et le balança, en grognant, sans ménagement dans les bras de la brunette stupéfaite par tant d'hostilité.

Ne pas penser au passé. Ne pas penser à Enora et à la souffrance qu'elle avait pu connaitre quand sa mère biologique était partie, la laissant toute seule, dans des couvertures de laine... Cette mère qui était partie froidement, sans même se retourner... La brunette étudiante ignorait encore qu'elle se trouvait face à la mère de sa confidente préférée, jusqu'au moment où les yeux bleus clairs de la brunette se posèrent par hasard sur la table et où elle reconnut le nom.

A ce moment là, tout lui revint en mémoire. La fuite de la mère, les pleurs de l'enfant enfouie dans un tas de couvertures blanches, ses parents qui ouvrent et découvrent un tout jeune bébé planté sur le seuil... Pauline n'oublierait jamais cette nuit là. Ca, jamais.
Elle était si petite quand c'était arrivé... Pauline entendit à peine la voix furieuse de la jeune femme rousse lui parler. Elle était tellement dans ses souvenirs qu'un char aurait pu passer juste à côté qu'elle n'aurait absolument rien entendu.

"Dégage. Tu vois pas que tu me dérange ?"

L'esprit encore embrumé par la douleur des souvenirs encore trop frais dans son esprit, Pauline esquissa toutefois un sourire moqueur, ironique, à l'égard de cette pourriture. Elle savait. Elle savait tout ce que la petite avait enduré. Elle s'amuserait donc à déstabiliser la rouquine qui pensait pouvoir la martyriser. Or, elle se trompait complètement. Pauline ouvrit la bouche et répondit d'une voix sèche, qui claqua comme un fouet dans la bibliothèque déserte.

La bibliothèque est à tout le monde, il me semble.

La rouquine croisa les bras et prit l'air le plus agacé qu'elle pouvait. Soit. Mais cela ne changerait rien. La brunette avait à présent tous les pouvoirs et jouerait bien volontiers avec les nerfs de la jeune femme, en lui rappelant sa seule faiblesse : Enora. Sa fille. Sa fille qu'elle avait si lâchement abandonné. La rousse reprit la parole, exaspérée.

"Je peux savoir ce que tu regardes comme ça ?!"

Alors comme ça, la rouquine se permettait de jouer la méchante de service. Grand bien lui fasse. Ceci dit, elle était tombée sur la mauvaise personne si elle pensait que sa "victime" était une pauvre étudiante tout à fait naïve et inoffensive. Haha, c'était tout le contraire. L'étudiante brune avait plusieurs cartes en main et comptait bien s'en servir. Toujours un sourire moqueur aux lèvres, Pauline répondit d'une voix mielleuse à souhait. Artifices.

Oh, rien. Je regardais simplement le prénom de ta chère fille.