Des chansons plein le coeur. (PV Kiersten)

PV KIERSTEN S. JORGENSEN

Des chansons plein le coeur. (PV Kiersten) Ciel-de-jaulny

« Un sourire vers le ciel, un salut à la vie, et des chansons plein le coeur. »

C'était une belle journée d'avril, une de ces belles journées où le soleil éclatant dans son berceau de ciel bleu apportait une douce chaleur sur Terre. Quelques nuages de coton blanc s'étiraient paresseusement là-haut, au-dessus de ce monde grouillant de vie, trop somnolents pour se mesurer au soleil. Un jeune homme marchait d'un pas tranquille dans le parc, profitant comme tant d'autres de l'agréable atmosphère de cette matinée. Il était vêtu simplement, d'un jean sombre et d'un tee-shirt blanc, sur lequel était dessiné un grand smiley, tout sourire. Aux pieds, il portait de simples tennis de toile, les chaussures des beaux jours par excellence. Souriant, comme toujours, il se dégageait de lui une sorte de joie de vivre palpable, comme s'il rayonnait de bien-être. Theophane faisait souvent cet effet-là, et son sourire avait presque toujours un peu de cette gaieté, très communicative, qui avait tendance à faire du bien autour de lui. Un simple sourire, un discret « Bonjour madame » suffisaient souvent à éclairer les visages froids des passants pressés. Un peu d'attention, un peu de chaleur, comme ce soleil qui, malgré l'air frais de la matinée, réchauffait les coeurs.

Malgré la petite brise qui lui chatouillait le cou, le faisant frissonner, le garçon profitait pleinement des rayons de soleil sur sa peau. Sa peau se hérissa sous un frisson tandis que l'air frais entrait en contact avec ses bras nus, mais il ne fit que sourire davantage. Il aimait la caresse du vent léger, et ne craignait pas le froid. De même, Teph' avait toujours aimé le mauvais temps, chose que peu de monde acceptait comme naturel lorsqu'il en parlait : les orages, la pluie, le vent, la neige... Tout ce que les autres avaient tendance à enfermer dans leur coeur, avec leurs peines et leurs peurs, dans le noir. Pour la plupart des personnes, la lumière était essentielle. Il leur fallait des lampes, du soleil. Une lumière vive, à son état primaire, visible. Car les gens avaient oublié au fil du temps que la lumière était bien plus que ça, qu'elle était la vie, l'étincelle qui brillait en toute chose, en tout être, et qu'il suffisait de regarder. Il suffit souvent d'un sourire pour éclairer une vie.

Le jeune adulte haussa les épaules et se mit à trottiner d'un pas léger, afin de mieux sentir l'air bouger autour de lui. C'étaient aussi tous ces signes, tous les petits contacts que le corps ressentait à chaque instant, qui fixaient le monde autour de lui, lui rappelant qu'il n'était pas seul mais qu'il faisait partie d'un tout, qu'il appartenait, comme ces gens trop pressés pour s'en rappeler, à un monde. C'était sans doute cela aussi, des choses si simples, qui faisaient la vie. Regardant autour de lui, le garçon souriait avec un enthousiasme visible. Partout, des élèves, accompagnés de leur Daemon. Il entendit Entheogen ronronner dans son esprit et sourit, heureux de pouvoir la sentir marcher avec naturel à ses côtés. Le jeune homme était arrivé à l'université la veille, en fin de journée. Il avait passé la soirée à découvrir Lindwüen, errant de-ci de-là, cherchant à se familiariser avec ce nouvel environnement. Trop excité pour dormir, il avait passé la nuit dans une plaine qu'il avait découverte par hasard, non loin de la ville. Là, il avait admiré les étoiles en compagnie d'Etheon' et tous deux avaient fini par sombrer dans le sommeil. C'était la lumière du soleil qui les avait réveillés. Profitant du fait que c'était samedi, et que Theophane ne débuterait les cours que le surlendemain, ils étaient rentrés à l'université pour faire un brin de toilette et étaient ressortis, incapables de demeurer tranquillement à l'intérieur. Partout, autour d'eux, ils voyaient des Daëmons, dont certains étaient très impressionnants. Un sentiment de bien-être s'emparait d'eux : plus besoin de se cacher, de se séparer. Ils étaient comme les autres. Depuis la veille, le lien mental qui unissait Theophane à l'Ocelot semblait plus fort que d'ordinaire. Sans doute était-ce la joie qui leur réchauffait le coeur, ou encore le simple fait de se sentir... à leur place.

Le garçon se mit à fredonner un air de musique, un peu hésitant. Sortant un carnet et un crayon de son sac, il traça rapidement les lignes d'une portée sur une feuille vierge et griffonna quelques notes sur le papier. Le vent vint jouer dans ses cheveux, malicieux, ce qu'il sentit à peine tandis qu'Entheogen frissonnait sous sa fourrure, et l'une des nombreuses feuilles volantes contenant ses compositions hâtivement notées, dans l'attente d'être travaillées, s'envola. Avec un sourire ironique, Theophane se retint de lancer une réplique piquante au vent (cela faisait partie des nombreuses choses qu'il avait fini par éviter de faire en public, conscient que la plupart des gens ne partageait pas son originalité ni la moitié de son imagination) et courut derrière la feuille fuyante. Mais le vent semblait d'humeur joueuse et la feuille ne fut stoppée dans sa fuite que par la présence fortuite d'une jambe. Le garçon l'attrapa d'un mouvement précis et se releva, juste devant une jeune femme qui devait avoir quelques années de plus que lui. Moins d'une dizaine. Il la considéra avec un petit sourire gêné, serrant le bout de papier dans sa main.

« Désolé, j'ai bien cru qu'elle allait m'échapper ! »

Entheogen le rattrappa en quelques foulées et vint se positionner à son côté. Elle posa un regard méfiant sur la nouvelle-venue.

(Up ?)

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