I'm singing in the Rain ♥ Ombre

La vie pouvait-elle être belle ? En ce jour elle aurait surement pu affirmer que oui, pour une fois, elle l’était. Le bonheur est un mot dont chacun à sa propre définition aussi personnelle soit-elle. Ici il n’en fallait pas beaucoup. Juste quelques poussières d’étoiles éphémères dans le regard, une pointe douloureuse mais si plaisante au creux de la poitrine. Les mains qui tremblent encore quelques minutes de l’instant présent. La chaleur douceâtre qui s’est propagée dans tout notre corps. Et cette détonation qui se répercute jusque dans nos os. Le cœur tambourine, sauvage et indomptable et pour une fois, tout semble parfait. C’est aussi simple que ça et pourtant tellement rare. Alors quand ces moments se présentes, autant les savourer ne serait-ce que du bout des lèvres. Juste le temps de toucher le rêve…

En cette fin d’après-midi, les deux compères s’en étaient allés découvrir les trésors de la ville. Soudaine envie d’évasion peut être ? Et bien oui. Simplement l’idée de partir ailleurs, de quitter pour quelques heures les murs de l’université. Le campus c’est génial mais pas assez. Alors quand la liberté se fait sentir, autant la suivre car son appel est un doux chant de l’été. Et puis il y en avait un qui souhaitait particulièrement se dégourdir les pattes en dehors de l’enceinte scolaire. Qui sait, peut être qu’il ne pouvait plus encadrer la tête de certains professeurs ou au contraire, préférait-il ne pas croiser certains visages bien trop familiers. Le félin avait donc fortement insisté pour aller faire un tour. * Misstaflûte, partons en explorateurs ! *0* Sur le coup la jeune femme avait bien rigolé et à l’heure actuelle son sourire était toujours là, encré sur son visage, lui dessinant deux élégantes fossettes. C’est ainsi qu’après les cours ils s’étaient évadés loin des tourments des devoirs et de tous ces trucs quelques peu inutiles au mois de juin. De plus son anniversaire approchait à grand pas et Gäldhiem avait décidé que la jolie brune devrait porter une robe pour ses 19 ans. @_____@ Allez savoir pourquoi mais elle n’avait pas pu lui dire non. Car le sale bougre la tenait fermement ! Après avoir protesté durant des heures et donner toutes les excuses possibles, le jaglion avait sortit le joker. Il lui avait déclaré la pièce maîtresse de son jeu et contre toute attente, elle ne pouvait plus reculer T.T Une parole est une parole et elle se devait de la tenir même face à son matou capricieux. Un jour elle l’aurait, ça elle se l’était promis et la vengeance ne saurait tarder. Il devrait très prochainement faire attention à ses fesses.

Hop hop hop dans la voiture ! Quelques minutes plus tard la machine se garait et le moteur arrêta de vrombir. Le puissant félin descendit avec cette grâce dont toutes ces satanées bestioles étaient pourvues. * Ne soit pas jalouse chère amie. Tu n’avais cas être de la même branche =D * Mais c’est qu’en plus il fait de l’humour. Saloperie va ! * Tu peux aller te brosser Gäld. Moi au moins je n’ai pas des vieilles tâches partout. * Allez ça c’est fait. En général il faut stopper la discution rapidement car dans le cas contraire il ne s’arrête plus et là, mamamia. Déjà qu’elle allait devoir se le coltiner durant plusieurs heures le temps de trouver une robe qui plaise à monsieur alors bon. --' Les voilà donc dans le Xième magasin et toujours rien car il faut savoir que l’hybride est ce que l’on pourrait qualifier d’un éternel insatisfait. Jamais content, jamais si… Rrrrr ! Insupportable, tout simplement. Mais bon, elle l’aimait ainsi alors c’était le principal. Après de multiples jérémiades, le jaglion émit un grognement de contentement au moment où Abby sortit de la cabine d’essayage. Elle portait une délicate robe noire en dos nus. Surplombée d’une bande de soie blanche juste au dessus de la taille. Et il est vrai qu’en se regardant dans le miroir, elle dut s’avouer que le vêtement était splendide. Le sale traître avait même réussi à lui trouver une paire d’escarpin le temps qu’elle fasse ses essayages. Ce fut donc au bout de deux longues heures de tortures qu’ils sortirent de la boutique. Mais étrangement, sa journée n’en était pas gâchée pour autant. S’avançant vers sa voiture, elle plaça les sacs à l’arrière et s’apprêta à s’engouffrer à l’avant lorsque son téléphone émit une légère mélodie. Se stoppant en plein mouvement, elle tenta tant bien que mal d’atteindre la petite chose. Lorsqu’enfin son regard se posa sur l’écran, un sourire divin et pourtant si enfantin vint éclairer son visage. Gäld fut surpris et l’interrogea du regard mais elle ne lui répondit pas. Serrant le combiner dans sa main quelques instants, les flammes dans ses yeux se mirent à valser.

Doucement la pluie commença à tomber sur la ville et au lieu de se mettre à l’abri dans l’habitacle de métal, elle préféra rester dehors. Savourant une à une les caresse de l’eau sur sa peau. La nuit était tombée depuis un petit moment déjà mais qu’importe. Plus rien ne pourrait lui gâcher la vie ce soir car une flamme endormie s’était réveillée, aiguisant tous ses sens. Jetant un regard pétillant à son daëmon, elle claqua sa portière avant de s’engouffrer dans les rues quasi-désertes du centre ville. Les gouttes se firent plus intenses jusqu’à ce que le martèlement de l’eau couvre tous les bruits, telle une délicate symphonie. Heureusement pour elle, les jaglions adoraient l’eau. Il fallait surement remercier le côté jaguar de Gäld. Alors, comme une enfant elle se mit à donner des coups de pied dans les flaques, avançant encore et encore sans savoir où elle allait. Mais qu’importe, puisque tout était parfait. Désormais elle était trempée jusqu’aux os tout comme son compagnon et pourtant elle se sentait libre, sans aucune chaînes pour la retenir. Comme une enfant qu’elle était il y a longtemps. Les gens aux fenêtres des restaurants devaient surement la prendre pour une folle mais elle s’en fichait éperdument. Plus rien ne l’arrêterait, du moins pas ce soir. * Je veux croquer la vie à pleine dents, au moins jusqu'à demain matin.* Le coeur emplit d'une nouvelle joie, le félin ne put qu'acquiescer à cette proposition. Mais dans cet élan d'euphorie, ni l'un ni l'autre n'eut le temps d'apercevoir l'ombre dans la nuit...

Une flamme. Une toute petite flamme.

L'allumette grésilla en se consumant et sa douce chaleur lui réchauffa le visage. Comme une main amicale, elle s'étendit vers sa peau, un sourire flamboyant se dessinant sur le bois. Insensible, l'Ombre se laissa simplement hypnotiser par la lumière qu'elle dégageait. Le Suiveur poussa un petit cri aigu et entra dans sa caphuche, se blottissant à l'arrière de sa nuque en fixant la flammèche avec ses petits yeux vides et noirs comme des puits d'encre. Elle siffla violemment et se mit à gronder. Feu. Mauvais feu. Brûle. Enlève l'ombre. Fait fuir la nuit ! L'Ombre glissa une main dans son cou et caressa l'hypothétique menton de fumée de son daëmon. Paix. Lui non plus n'aimait pas le feu, il était trop imprévisible. Et sa morsure l'avait maintes fois figé pendant des semaines. Pourtant, il était là, ses yeux sans vie accrochés à cette petite flamme. Sans plus attendre, il souffla sur l'allumette qui s'éteignit faiblement. Un sourire victorieux étira ses traits. Il pouvait vaincre le feu. Il pouvait donc vaincre cette fille. Le Suiveur eut un rire sardonique à cette pensée et se frotta amoureusement contre la nuque de son maître en ronronnant. Tuer ? Tuer. Mais pas tout de suite. Elle n'était pas encore là où il fallait, il attendait la bonne occasion. Il avait tout son temps, la pluie était son amie et cachait bien des bruits. Si elle était en elle même bruyante, sa mélodie sourde avait vite fait de se faire oublier. Et d'oublier tout le reste. L'Ombre fit craquer sa nuque et leva les yeux sur la voiture qui venait de se garer, cent mètres en contrebat. Il était au fond de la rue, il savait qu'elle sortirait bientôt. Et comme toujours, il eut raison. Un sourire carnassier aux lèvres, il se redressa avec la souplesse d'un félin et se dirigea d'un pas tranquille vers la fille.

Il l'avait filée depuis l'université, il savait qu'elle en faisait partie. Elle entrait donc dans son contrat de vengeance. L'Ombre passa sa langue sur ses lèvres sèches et continua d'avancer. Elle était éclairée, plus que lui tout du moins, et ne le verrait donc qu'à la dernière minute. Il avançait toujours, avait couvert la moitié du chemin. Souplesse et Harmonie. Une terrible harmonie. Pleine de promesses. Tuer . Le Suiveur s'échappa de sa capuche en ricanant et prit de l'avance sur son maître. S'il s'entrainait avec la flamme, c'était parce qu'il savait quel pouvoir détenait la jeune fille. Au moins elle ne pourrait pas guérir seule. Le chuintement de la lame qui sortait fut couvert par la pluie et l'Ombre se coula derrière sa future victime. Il entra dans la lumière au dernier instant, choisit de changer de tactique en souriant froidement. Il sauta dans son dos et d'un geste parfait plaça sa lame contre sa gorge, son autre main sur son front la plaquant contre son torse.

« Une bien mauvaise idée que de se balader seule à des heures pareilles Abby... » murmura-t-il d'une voix sombre mais légère. Il recula d'un pas en fixant de ses yeux sombres le daëmon qui feulait de rage. « Tututu, si j'étais toi, félin, je resterais bien gentiment dans mon coin. Tu bouge elle est morte. Imagine, ça serait bête de vous perdre comme ça, non ? Car dès l'instant où son coeur cessera de battre, le tien aussi... Pathétique. »

Alors qu'il parlait, Le Suiveur qui voletait prêt de sa tête, ses yeux vides et narquois sur le jaglion, prenait la forme de ce qu'il disait. Un immense sourire carnassier, puis un cœur qui battait, de plus en plus faiblement, pour s'éclater dans un grand rire sardonique.

« Alors ma belle, dur choix, n'est il pas ? » il colla ses lèvres sur son oreille en la serrant plus contre lui. « Et n'allume pas le feu tout de suite, parce que la fumée, ça ne brûle pas. »

Comme quoi le bonheur ça atteint toujours les mêmes. Certains sont voués à avoir une vie des plus poisseuses et des plus dangereuses. Pour combler le tout, il faut toujours qu’une connerie arrive au moment où tout est parfait. Décidément, la justice n’existe pas et tous ceux qui clameront le contraire ne seront que de sales menteurs hypocrites qui ont de jolies petites vies tranquilles. Voici donc un message pour tous ceux là. Si vous souhaitez sortir de chez vous et goutter à ma vie ne serait-ce qu’une journée, venez je vous attends à bras ouverts. Mais n’oubliez pas avant de partir, de souscrire une assurance vie.

La nuit était partout, envahissant chaque recoin, chaque ruelle. Les ombres se fondaient peu à peu entre elles et la pluie, toujours plus intense atténuait tous les bruits alentours. Abby quant à elle continuait ses périples, fredonnant doucement sous les étoiles. Ses sens étaient quelque peu endormis car pour elle, il n’y avait aucun danger dans les parages. Ses pieds claquaient dans toutes les flaques qui passaient à sa portée et ses baskets noires étaient complètement trempées. A chacun de ses pas on entendait un petit plaf. Et telle une enfant, elle se lâchait, appréciant pour une fois, la vie qui s’offrait à elle. Cette sensation de liberté, son cœur qui martelait sa poitrine. Elle en avait besoin, tout simplement. Pur instant de délivrance, une évasion juste pour quelques heures. Et qui dit innocence parle aussi d’inattention. Alors qu’elle éclatait de rire, elle remarqua Gäld qui se statufiait à ses côtés. Il avait du percevoir un son ou tout autre chose. Mais ce n’était jamais bon signe lorsqu’il se stoppait tout à coup. Malheureusement, la jolie brune ne possédait pas les réflexes de son daëmon et elle n’eut pas le temps de réagir. Tout ce passa très vite et en quelques secondes son monde bascula. Elle sentit une force étrangère s’approcher de son corps et bientôt la froideur de la lame tutoyer sa gorge. Avant qu’elle n’ai pu répliquer quoi que ce soit, une main vint se plaquer contre son front et elle se sentit tirée vers l’arrière. Une fraction de secondes plus tard, Abby se retrouvait collée contre le torse d’un parfait inconnu. Le souffle court, son sang ne fit qu’un tour et il commença à battre furieusement à ses tempes, circulant rapidement dans ses veines, la brûlant telle de la lave en fusion. Rapidement, une voix aussi sombre que la nuit mais pourtant légère comme la pluie vint siffler à ses oreilles. Serrant les mâchoires, Abby tenta tant bien que mal de contrôler son don qui ne demandait qu’à exploser. Gäldhiem de son côté se mit à feuler de rage. Il fit un pas en direction de l’homme et se mit à rugir tel le plus puissant des fauves. Son poil s’hérissa sauvagement au dessus de son échine tandis que sa queue battait furieusement l’air humide.

« Lâche là tout de suite ! » Abby écouta soigneusement les paroles de son agresseur et elle tenta de tourner son regard vers le jaglion à bout de nerfs. De ce simple mouvement, la lame commença à laisser une légère empreinte sur sa peau. « Gäld, ta gueule ! »

La demoiselle déglutit difficilement car le métal, trop proche de son épiderme l’entaillait doucement à chacun de ses gestes. T’inquiètes pas mon gars, ton tour viendra. Ses yeux gris, où désormais des flammes valsaient inlassablement, se posèrent sur le nuage de fumée qui semblait être le daëmon de son cher interlocuteur.

« Le monstre là, tu veux pas aller faire mumuse ailleurs ?! »

Mais ce fut à cet instant qu’il la serra plus contre lui. Elle perçut ses lèvres contre son oreille et ce murmure lui déclencha un frisson le long de sa colonne vertébrale. Quel merveilleux souvenir que cet homme était en train de lui remémorer. Très délicat de sa part sincèrement. Quel déclenche le feu qui brûlait en elle ? Pour l’instant elle n’en voyait pas l’utilité. En revanche, monseigneur devrait faire attention car le métal ça fond… Se concentrant, elle commença à faire monter peu à peu la température de son corps jusqu’à arriver à des degrés qu’elle n’avait jamais atteint. Ce ne fut qu’à cet instant qu’elle se permit un sourire tandis que la pluie qui tombait sur son corps partait en délicate volutes de vapeur.

« Va t’faire foutre connard ! » En espérant que cela lui procure quelques minutes de répis...

Un rire plein de sarcasmes s'éleva dans les airs. Les yeux de l'Ombre brillèrent d'amusement et il appuya un peu plus fort sur la gorge de la fille, grisé par la rage et le désespoir qu'il lisait dans les yeux de l'espèce de jaguar énorme. Elle se figea et dit à sa moitié de se la fermer. Bien. Très bien.. C'était sans aucun doutes la chose la plus intelligente à faire. L'Ombre fronça les sourcils avec une moue déçue lorsqu'elle s'en prit au Suiveur. Celle ci se vrilla en la foudroyant d'yeux dessinés dans son impalpable personne. Un sifflement digne d'une vipère s'échappa de la masse sombre et elle s'approcha, la tête pleine d'images horribles.

« Entrer. Dans sa bouche. Détruire ♥ Monter dans tête et brouiller ♥ Et faire souffrir. Beaucoup crier ♥ » elle avait fait exprès de le dire à voix haute, prenant des accents gourmands sur les derniers détails de son attaque.
« Voyons ma belle, ne soyons pas si indélicats avec notre invitée ! Il est des coutumes que l'on se doit de respecter.. »

Dans un ronronnement profond, Le Suiveur prit la forme d'un point d'interrogation et cligna deux yeux clairs, intéressés. Tuer ? L'Ombre lui dédia un sourire carnassier qui la fit frisonner de bonheur. Dans un rire machiavélique, elle se dirigea en voletant jusqu'au daëmon qui feulait toujours. Hihi ♥ Gros vilain chat ! Monstre ? Elle n'était pas un monstre. Elle était parfaite ♥. Prenant la forme aguicheuse d'une panthère noire comme la nuit, elle se mit à tourner autour du daëmon, claquant des dents silencieuses avec un rire narquois. L'Ombre cessa de rire lorsqu'il se rendit compte que la fille chauffait de plus en plus dans ses bras. Il siffla de rage, garda cependant son étreinte le plus longtemps possible. Lorsque ses vêtements se mirent à devenir plus brûlant que jamais, il se recula en gardant la lame posée sur la gorge d'Abby. Médusé, il la regarda fondre d'un air intéressé. Bien bien, elle se défend.. Parfait. Il avait besoin d'un peu d'entrainement. Laissant retomber d'un air indifférent le pommeau vidé de sa lame, il transforma le bas de son corps en fumée et vint se placer en face d'elle, les yeux brûlants d'une nouvelle avidité.

« Brûle encore ma belle, je ne pense pas que ton daëmon appréciera. »

Avant qu'elle n'ait pu esquisser un geste et d'un commun accord, Le Suiveur fondit sur Gäldhiem et l'entoura complètement, lui faisant perdre tous ses repères, que ce soit ouïe, vue ou odorat, Le Suiveur englobait tout. Dans un rire aigu, elle se mit à tourner autour de sa proie pour lui faire perdre ses repères sans le lâcher s'il bougeait. L'Ombre se passa lentement la langue sur les lèvres, décrocha le poignard qui était accroché à sa cuisse. D'un geste précis, il le lança vers sa propre moitié sans l'ombre d'une hésitation. Le Suiveur éclata d'un rire joyeux, laissa passer la lame. Qui se planta dans un bruit mat. Chair.