Dans un long couloir, elle aperçoit son ombre - PV

Les dernières lumières de l’école s’éteignirent, laissant le lieu sous un voile obscur. Mais il restait une faible lueur. Une innocente et pauvre lueur de lumière. Assise dans une salle de cours complètement vide, c’est cette faible lueur qui éclairait son visage pâle. Elle avait le visage tordu par une tristesse incertaine. Une tristesse qu’elle ne savait, elle-même, pas identifié. La fatigue brillait dans son regard, mais elle se battait pour ne pas fermer un instant ses lourdes paupières. Se bornant à vouloir finir un devoir dont elle se fichait. Un stupide travail qui avait le devoir de la laisser éveillé. Ne voulant plus dormir, Calipso avala une gorgée de café. Elle fuyait le sommeil, tout comme elle fuyait ses rêves. Elle ne croyait plus au rêve. L’image de ce regard amoureux, qui n’était pas le sien, poser sur celui dont elle a offrit son cœur lui revenait toujours en tête. Sans s’en apercevoir, elle cassa la mine de son crayon. Soupirant, elle se permit d’enfouir son visage dans ses mains, un cours instant. Un simple instant. Un instant peut-être trop important, car elle sombra dans un lourd sommeil.

Quelque chose lui caressa le bras. Un doux frison la parcourue. Puis un murmure lui susurra quelques mots et doucement elle se retira de ce sommeil. Ouvrant avec douceur ses paupières, elle se releva à toute vitesse en constatant qu’elle n’était pas dans son lit, mais toujours dans cette salle de cours vide. Regarda vers sa gauche, elle sourit à son daemon qui s’inquiétait pour elle. Lui assurant que ce n’était rien, elle jeta un coup à sa montre. 2h00 passé. Il était aussi tard. Grimaçant, elle se demanda combien de temps elle avait dormit et puis, elle se rappela n’avoir pas fait de rêve. T’en mieux. À présent, les rêves n’étaient plus qu’un fardeau pour elle. Son monde s’écroula quand il posa son regard sur une autre. Mais elle avait encore le cœur battant pour lui. Calipso se répétait qu’il n’était qu’un hypocrite, un menteur, un briseur de cœur, mais son cœur ne battait que pour lui. Elle avait beau se battre contre cette idée, elle lui avait offert tout son être et à présent, elle sait qu’aucun autre homme ne pourra la faire briller. Ressemblant ses affaires qu’elle enfouit dans son sac, elle éteignit la lampe de bureau. La voila plongea dans le noir total. Seul les quelques rayons de lunes puissent l’éclairer. Laisser quelque instant à ses pupilles pour qu’elles s’habituent à l’obscurité, la jeune femme se leva et se dirigea vers la porte de la salle de cours. Le caracal à ses talons, il avait une mauvaise impression, se sentant observé. Il fit part de ses inquiétudes à son humaine, mais celle-ci était bien trop fatigue pour réagir. Laissant la porte se fermer seul, elle fut prit d’un frison en entendant celle-ci grincer. A cette heure ci, tout le monde dormait. Elle était comme seul dans un monde qui n’est pas le sien. Son cœur bat fort, ce faisant quelques frayeurs. Tous ses sens sont en alertes. Cela la fit sourire. Comme-ci il pouvait lui arriver quelque chose. Elle n’avait rien à craindre ici. Et puis, n’était-elle pas la femme la plus rapide du monde ? Sky ne partageait pas ses sentiments. Lui était réellement inquiet, se sentait épié. Un craquement le fit s’arrêter. Le félin balaya le long couloir du regard, mais il ne distingua rien. Absolument rien d’autre que la pénombre profonde. Le pas las, ils tournèrent pour rejoindre les dortoirs, mais ils s’arrêtèrent. Un claquement les prit de cours et tous les deux sursautèrent. Regardant autour d’elle, Calipso soupira tout en se traitant d’idiote. Ce n’était qu’une fenêtre mal fermer qui claqua avec le vent. S’approchant de celle-ci, elle se mit la pointe des pieds pour la fermer. Une fois fait, elle se tourna vers son daemon et ne fut pas rassurer en le voyant dans une position de défense. Que se passe-t-il ?

Le Suiveur se baladait dans l'université, se cachant dans les zones sombres lorsque des élèves s'approchaient un peu trop près, ombre fugace dont personne n'arrivait à définir la provenance. Puisqu'elle n'en avait pas. Elle était ombre et n'en avait pas. Cette pensée lui tira un rire sarcastique qui résonna sur les murs blancs, diabolique. Une première année frissonna en cherchant la provenance de ce son horrible et s'enfuit en courant. Courir. Vite. Sinon tuer . Le Suiveur ondula jusqu'aux dortoirs, en mission de repérage pour son humain. A la pensée de son maître elle frissonna de bonheur et bien qu'il soit loin elle ressentait toujours sa présence. Euphorique, elle tournoya sur elle même dans un frémissement sombre. La nuit tombait, elle adorait ça. Elle allait pouvoir se déplacer sans se soucier le moins du monde d'être repérée ou pas, les élèves ne s'inquièteraient plus. Quoique... la rumeur se répandant vite, l'université était chamboulée par l'arrivée de cet assassin, de ce chevalier noir qui tuait et blessait sans vergogne. Le Suiveur glapit de nouveau de joie, faisant trembler plus d'un étudiant au fond de son lit. Ombre . Tuer. Nuit venue. Tuer encore . Guidée par un instinct des plus noirs et des plus étranges, elle pénétra dans une salle à demi éclairée. Les élèves n'étaient pas censés venir ici de nuit. C'était interdit. Pourtant, une jolie silhouette peinait au dessus d'une feuille presque blanche. Sans un bruit, Le Suiveur se glissa dans son dos, épia par dessus son épaule sans qu'elle ne s'en rende compte. Son daëmon s'était endormit et elle n'allait pas tarder à faire de même. Le Suiveur se ramassa sur elle même et pencha un semblant de tête sur le côté, s'intéressant à ce que l'élève faisait. Elle était silencieuse, calme. Aime le calme. Jusqu'à ce que la gamine brise sa mine sur sa feuille. L'ombre gronda, se retint au dernier moment et redevint silencieuse. Cachée dans les cheveux sombres de la jeune fille, elle se mit à la détester de tout son être. Appela son maître. Bruyante. Elle dérange. La tuer. La faire disparaitre . Pour que le calme revienne il fallait qu'elle disparaisse. L'étudiante s'assoupit un instant et Le Suiveur put voleter au dessus de sa tête. Fidèle à son poste, elle attendait. Attendait la mort qui se levait.

L'Ombre se releva de la branche sur laquelle il s'était posé. Entendant l'appel de son daëmon, il fit coulisser sa lame dans son fourreau, eut un sourire carnassier. Il regarda un instant la lune qui montait dans le ciel, entendit Le Suiveur lui dire qu'elle l'avait réveillée et que la petite retournait aux dortoirs. Grand chat. Grandes cernes. Fatiguée. Très fatiguée. Facile à tuer . Il hocha de la tête et se laissa tomber de l'arbre. Avant de toucher terre il se transforma, et c'est sous la forme d'une épaisse couche de fumée qu'il se dirigea vers sa future victime. Allait-il la tuer ? Ou s'amuserait-il seulement de la voir souffrir pendant des heures ? Oh, il ne savait pas trop, il verrait bien. Il se matérialisa à l'angle d'un couloir et son ouïe aiguisée discerna les pas de la gamine qui venait directement se jeter dans la gueule du loup. Un rire sardonique retentit dans son esprit alors que Le Suiveur s'amusait à claquer des portes, des fenêtres et tout ce qui pouvait effrayer un humain. Il sentait la peur de là où il était. Un sourire calme étira ses lèvres. Qu'il était doux de sentir cette odeur secrétée par les humains ! La sentaient-ils seulement ? Il en doutait fortement. Ô combien ils manquaient quelque chose ! L'Ombre tira sa lame et d'un pas assuré s'engagea dans le couloir. Le caracal de la jeune fille cracha et se mit sur ses gardes. Minou ! Minou ! Il s'arrêta, plein d'une grâce féline et d'un calme sidérant pour ce qu'il s'apprêtait à faire. A tuer, tout simplement .

Il fallait bien qu'un essaye de s'échapper un jour, non ? ♥

La fille s'était retournée, elle savait qu'il était là. Enfin, elle savait qu'il y avait quelqu'un. De là à présumer qu'elle était assez intelligente pour déduire que c'était l'Ombre dont tout le monde parlait qui l'attaquait, il y avait un grand pas. Un pas que l'Ombre se refusait de franchir. Les humains étaient si bêtes. Faciles ! Faciles à tuer Un sourire agrandit sa bouche, comme un grand coup de couteau dans un tissu. Elle devait surement chercher un moyen de se rassurer, se disant que c'était l'un de ses camarades qui lui faisait une blague. Et pourtant... Pourtant. Tuer...Tuer ! TUER ! Paix ma belle, paix et silence. Le Suiveur tourbillonnait d'impatience derrière son humain, persiflant des horreurs à son oreille attentive. La fille laissa tomber son sac. Elle suintait la peur à des kilomètres à la ronde. Parfait. Le Suiveur eut un ricanement perceptible et bien qu'elle avait l'air figée, la fille se retourna comme un flèche et partit de la même façon. L'Ombre sortit de l'ombre, les sourcils froncés. Il foudroya Le Suiveur du regard et celle ci émit un doux ronronnement pour se faire pardonner.

« M'en vouloir ? » demanda-t-elle avec une voix presque douce et innocente, prenant la forme d'un petit nuage.
« Non. Pas le moins du monde ma belle, rien de tel qu'une petite chasse pour se mettre en appétit. » répondit-il d'une voix froide, roulant légèrement les r comme si il grondait. Jaguar.

Le Suiveur se retransforma en une nuée sombre et aux bords tranchants, éclata d'un rire perçant lorsque son humain courut deux mètres. Il ne la rattraperait pas comme ça. De toute évidence tel était son pouvoir. A moi de te montrer le mien... Le notre ! Le notre ! L'Ombre se transforma, se lia à son daëmon. Dans un glapissement sordide venu de sa sombre moitié, la chasse commença.

La nuit, les couloirs froids, la délicieuse odeur de sueur mêlée de peur que dégageait la fille qu'il poursuivait. Alors qu'elle tentait de s'échapper. Mais il serait toujours derrière elle . Elle le sentait parfaitement. Sous cette forme, l'Ombre allait plus vite que n'importe quoi. Que n'importe qui. Il eut tôt fait de rattraper la jeune fille, fila à ses côtés, la frôlant dans un rire glaçant et s'éloigna d'un coup. Pour y mieux revenir. Il la harcela comme ça, jusqu'à ce qu'il s'en lasse. Il poussa un profond soupir, passa devant elle et se matérialisé juste sous ses pieds. Pas trop tôt pour qu'elle n'ait pas le temps de voir venir, pas trop tard pour qu'elle ait le temps de s'enfuir. Il se la prit de plein fouet, accusa le coup en grognant et se sentit partir en arrière. Sans la lâcher. Il entra sa tête dans ses épaules, la relâcha en l'envoyant valser contre un mur et continua sa course. Sur un mètre. Il roula souplement sur les épaules, atterrit sur ses appuis, une main tendue derrière lui pour reprendre son équilibre, l'autre près de son pied gauche. Précision de l'expert.
Harmonie et Puissance.
Puissance et Harmonie.
Sans se relever, il roula jusqu'à la fille qui avait l'air un peu sonnée. trop rapidement pour qu'elle ait le temps de se relever. Il lança son bras au cas où, elle était plus rapide qu'il ne l'escomptait tout à l'heure, le stoppa net lorsque la lame frôla la gorge. Un sourire démentiel éclaira ses yeux aux pupilles dilatées par l'excitation de la chasse. Le Suiveur entoura le daëmon de la fille, sifflant dans une claire menace. Elle battit de faux cils de fumée et sa voix aigue et cruelle retentit dans les airs. Presque amoureusement. Pour son premier mot en tout cas.

« Bouger ? Tuer. » dit elle implicitement. Son deuxième mot claqua dans les airs, menaçant.

Un trou en forme de sourire carnassier la déforma et elle se mit à ricaner. L'Ombre se redressa légèrement pour être plus haut que la fille. Et maintenant ? Maintenant, pouvait il jouer comme il l'entendait ?

Que pourrait-il bien lui faire ? Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas testé de nouvelles techniques d'extorsion du sang d'un corps humain. S'amuserait-il simplement à l'attacher quelque part, haut, en la pendant par les pieds peut être ? Ou planterait il simplement sa lame dans son ventre, sentant avec délice la lame percer la chair sans mal, passer la terreur dans les yeux de celle qui va mourir. L'Ombre se passa la langue sur les lèvres d'un air gourmand. Rien que d'y penser, il frissonnait d'impatience. Chat colère. Ricana Le Suiveur en surveillant toujours le félin d'un œil narquois. Dans un bruissement de feuilles, elle se transforma. Tête de puma, corps de brume. Faisant un brusque saut en avant elle dégagea des crocs noirs en feulant comme un tigre en colère pour faire reculer l'autre. Redressant ses oreilles d'un air innocent, elle pencha la tête sur le côté, se fendit d'un sourire digne d'un chat du Cheshire. Un gloussement s'échappa des lèvres de son maître, fier de sa moitié. Tuer ? Demanda Le Suiveur en ronronnant amoureusement, scellant le pacte morbide qui les unissait si bien. L'Ombre allait lui répondre lorsque la fille fit un brusque écart en essayant de le repousser. Il arqua un sourcil en soupirant, sachant très bien qu'il la rattraperait sans peine. Sans compter que son daëmon était toujours là. Une lueur amusée éclaira ses yeux clairs lorsqu'il la vit se jeter sauvagement sur l'alarme incendie... Qui resta muette à ses appels. Cessant de frapper comme une imbécile sur l'interrupteur hors d'usage, elle se retourna en se plaquant sur le mur. L'Ombre se redressa lentement, sentant son corps vibrer entièrement. La peur. La vraie. Elle brillait dans les yeux de la fille, luisait sur son front et émanait de ses jambes tremblantes et de ses yeux fuyants. Il pencha lentement la tête sur le côté, un léger sourire étirant au fur et à mesure ses lèvres. Carnassier. D'un pas souple et félin, il se rapprocha d'elle en psalmodiant ses mots d'un air rêveur. Lorsqu'elle bougea il stoppa son attaque en l'attrapant par les bras.

« Sshh..Pourquoi tant de résistance ? Alors que la mort est si douce.. Ne me regarde pas comme ça ma jolie, tu sais que ça ne sert à rien. Certains sentiraient leur... cœur ? Bondir dans leur poitrine face à tant de peur...» il la plaqua contre le mur, glissa ses lèvres jusqu'à son oreille, sentant ses veines battre au rythme de son cœur effrayé. Il continua plus bas, comme s'il lui faisait une confidence. « Moi ça me fait juste terriblement chaud partout, tu sais ? » il la sentit trembler, attrapa sa nuque d'une main pour l'empêcher de bouger. « Voyons voyons, on est pas bien là ? Chuut, doucement. Apprécie l'instant. » il ferma les yeux en se mordant la lèvre inférieure. « Tu la sens ? Cette peur qui te ronge le ventre ? Elle me ronge aussi, mais moi c'est en bien. Terriblement bien.. Détend toi, apprécie l'instant. Crois moi, tu ne sentiras jamais à un tel point ton cœur battre. Hin hin. Bien sur que non, puisqu'il ne battra plus ♥. »

Pendant qu'il parlait, son autre main descendit jusqu'à sa cuisse, détacha le poignard qui y était attaché. Son corps frêle plaqué contre le mur tremblait furieusement et il ferma les yeux de délice. Une telle peur de nos jours, c'est rare. Il recula légèrement sa tête à ses derniers mots, planta ses yeux gris démesurément calmes et heureux pour ce qu'il allait faire. D'un geste précis, il bougea le coude, fit tournoyer sa lame dans sa main, la rattrapa au vol et la fit entrer doucement dans le côté gauche de la fille, en dessous des côtes flottantes. L'empêchant toujours de bouger, l'Ombre glissa ses doigts dans ses cheveux et profita de chaque instant de sa souffrance en la fixant, un sourire de plus en plus ravi aux lèvres. Lorsqu'il sentit sa lame toucher le mur, il la retira d'un coup sec mais ne recula pas. Lorsqu'elle cessa de crier, la fille retomba comme un pantin dans ses bras. L'Ombre fit un pas en arrière, la laissa glisser jusqu'au sol en l'accompagnant, un sourire presque doux au visage. Silencieusement, il la remercia pour autant de bonheur ♥.