Looping [libre]

Merci de jeter un coup d'oeil à la description de mon don et de mon daemon avant de poster.

Les ailes de Jigsaw Jacero battaient l’air avec force. A chaque mouvement, mes genoux heurtaient la naissance de ses ailes. Cela aurait pu me faire tomber mais j’y étais habitué. Les bras écartés en croix je n’avais pas besoin de me tenir et laissais le vent glacée de l’hiver me piquer la peau. J’aurais probablement très froid en descendant du ciel, mon trône, notre empire. Jigsaw vira brusquement à droite en piquant vers le sol. Je glissais de plusieurs centimètre vers l’avant et me penchait au maximum en arrière au point que mon dos se trouva plaqué à la croupe de mon daemon. Désormais, rien d’autre ne me retenait que mes genoux derrière ses ailes. La vitesse acquise fit chuter mon daemon plus vite que moi et je sentis que je me décollais de lui. Drôle d’impression que de se sentir partir vers le haut alors qu’on est en pleine chute libre.

* Redresse imbécile ! *

Obéissant, Jigsaw fit pivoter ses ailes. Instantanément, son corps reprit une attitude horizontale et je retombais durement sur don dos. Grrr.

* T’es qu’une sale bête ! *
* Oh arrête de te plaindre !

Me plaindre semblait être devenu mon passe temps favoris. J’étais arrivé tard la veille et je dois avouer que je n’avais pas passé une très bonne nuit. Le vol de Jigsaw Jacero c’était fait plus calme... le calme avant la tempête bien sur, cela ne présageait rien de bon. La preuve, un instant plus tard, alors que nous passions au dessus d’une petite clairière, Jigsaw annonça :

* Accroche-toi ! LOOPING ! *
* Bordel ! *

J’aimais bien les loopings… oui et non. Me jetant en avant j’entourais le cou d’aigle de Jacero de mes bras. Son grand corps monta en flèche puis il se laissa basculer en arrière, instant où mes jambes se retrouvèrent dans le vide

* Tu m’étrangle ! *

Tant pis pour lui, c’est lui qui a propose le looping. Un instant après, Jigsaw Jacero fondit à nouveau vers le sol, cette fois droit sur la clairière. Juste avant de toucher le sol, Jigsaw se redressa et fini son atterrissage en laissant ses pattes avant de lion effleurer le sol. Nous n’étions pas seuls dans la clairière. Merde.

* Pourquoi t’es venu là ! *
* Pour nous ouvrir au monde, n’était-ce pas ce que nous espérions ? Enfin pouvoir vivre avec des gens comme nous...*
* Les gens ont peur de moi, personne n’y peut rien. Je leur fou la trouille à tous, il suffit qu’ils me regardent. *
* Espérons que cette personne là ne se pissera pas dessus avant de nous parler... aller sors un sourire *
* Ca ne change jamais rien. Je suis la terreur, rien de moins. *

Voilà peut-être bien une heure que nous marchions. Une heure que je me trouvais assise en amazone sur le dos de Don Pedro, ma robe espagnole datant du 19ème retombant jusque sur sa croupe. Bientôt, ma mémoire allait s’emplir de souvenirs, nous touchions à notre but. Je pouvais sentir chaque muscle de son dos rouler sous sa peau. Aussi, me semblait-il, ses foulées devenaient de plus en plus amples et bientôt, il fondit dans un petit trot élégant, l’encolure arquée, sa longue queue ondulée se balançant en suivant les mouvements de ses pas.

*

Et bien…on peut dire que le mode « canasson » te réussit plutôt bien !

*

Disons qu’avant, je ne pouvais pas caracoler. Maintenant, oui, j’en profite.

*

Montre moi ce que tu sais faire…

*

Accrochez-vous, señorita.

*

D’un bond, il se projeta en avant, partant dans un galop effréné à travers les chênes et autres feuillus de cette forêt. Moi, j’avais liés mes petits doigts de fée dans ses crins. Quoi ? Ne me dites pas que vous avez pensé au moins une seconde que j’avais pu lui mettre une selle sur le dos ainsi qu’un morceau de ferraille dans la bouche ! En un mois à peine, j’avais appris à me tenir correctement sur lui en amazone, même lancé dans un grand galop comme celui-ci, comme si j’avais fait ça toute ma vie, comme si tout cela avait été encrée dans mes veines avant ma « renaissance ». Le paysage défilait à toute vitesse, et je commençais à sentir de petites perles aux coins de mes yeux dû fait que le vent les baignait de son souffle. Et c’est alors qu’il y eut une ombre alors que nous venions juste de pénétrer dans une grande clairière. Une ombre immense qui nous survolait, donnant l’impression que c’était Don Pedro qui possédait à présent des ailes. Mais bien vite, elle nous doubla avant de plonger au loin dans les arbres.

*

My God ! C’était quoi ça ?!

*

Lindwüen University…que veux-tu que ce soit d’autres ?

*

Sans que je ne lui demande rien, il accéléra encore son galop, m’obligeant à me plaquer contre son encolure pour ne pas laisser le vent me fouetter le visage. Très bien, débrouille-toi, je t’interdis de te prendre un arbre ! Et le voilà, lancer à la même vitesse en train de zigzaguer avec une certaine facilité entre les arbres. Il avait un objectif, rattraper le volatile. Et rien ni personne, pas même moi, ne pouvait lui sortir cette idée de la tête.

*

Je veux voir à quoi il ressemble.

*

Il est déjà bien loin, laisse tomber !

*

Non ! Je l’ai vu plonger par-là.

*

Et en même temps qu’il me parvenait ses pensées, il freina brusquement, glissant d’un mètre sur la terre détrempée. Ses oreilles se plaquèrent vers l’arrière, non pas par menace mais par inquiétude. A dire vrai, même si les deux êtres faisaient la même taille, le gros volatile aux antérieurs de fauve, aux postérieurs de cheval, aux ailes d’or et à la tête de rapace n’annonçait rien de très doux et de très rassurant. L’étalon ronfla alors bruyamment des naseaux après quoi je plaçais une main sur son encolure humide de sueur.

*

Cállate

*

Sur ce, je me laissais glisser au sol, observant l’animal avec une certaine crainte dans le regard néanmoins. Mais dit moi, qui dit daemon qui forcément humain ! Et c’est alors que je le vis, assis entre ses ailes. La crainte que j’éprouvais il y a quelques secondes s’accentua alors violemment, me clouant sur place. J’avais peur. Mais…peur de quoi ? Je me contentais simplement d’observer encore un peu plus le jeune homme posé sur le dos de son daemon, m’obligeant à me raisonner. Il n’y avait pas à avoir peur…et pourtant. Bizarrement, au lieu de reculer, j’avançais d’un pas. Je fus bien vite rappeler à l’ordre par Don Pedro qui avança à mes côtés tel un bouclier. Je pouvais contrôler les émotions des autres…à dire vrai, je n’avais jamais testé sur moi-même. C’était une occasion rêvée. Inspirant profondément, je fermais les yeux avant de fermer mes petits poings. Peu à peu, mon cœur reprit un rythme régulier. La peur restait toujours présente, certes, mais elle fut beaucoup moins pénible, presque douce.
Ouvrant les yeux, et laissant tomber mes bras le long de mon corps, je continuais de fixer cet homme…étrange.

Un ronflement bruyant me fit lever la tête et regarder par-dessus celle d’aigle de Jigsaw Jacero. C’était un énorme étalon à la robe de jais et à la crinière fournie. Plus léger qu’un frison ce devait être un ibérique. Il faisait sensiblement la même taille que Jigsaw, qui s’en fichait pas mal en vérité. L’œil perçant de mon daemon suivit cet animal... qui n’en était pas un. C’était à coup sur un daemon. Un cheval normal aurait senti le prédateur en Jacero et aurait détalé sans demander son reste. Non, ce cheval là était un daemon. C’était même évident, quelle jeune fille aurait pu rester perchée en amazone sur un cheval normal ? Une drôle de demoiselle que voilà. En robe. Rien de très étonnant si ce n’est que la robe ancienne en question faisait inévitablement penser à l’Espagne de son étalon et en recouvrait une grande partie de la croupe.
Je restais un moment un dévisager les deux compères. Ah Jigsaw t’aurais pu choisir mieux comme premier test qu’un crétine qui se balade en robe du... 19e ? non mais vraiment...

* Laisse lui une chance voyons ! Elle saurait peut-être calmer sa frayeur *
* Qu’est ce qu’il ne faut pas entendre ! *

Plus têtu tu meurs ! On ne me retirerait jamais de la tête que personne oh non personne ne pourrait m’apprécier. C’est comme ça. Même la meilleur volonté du monde ne pourrait rien contre mon pouvoir. Je fais peur c’est tout, on ne peut pas l’éviter... C’est ce que je crois. Mais la vie nous réserve parfois bien des surprises. Voir cette jeune fille approcher n’était que la première d’une longue suite. Elle était elle aussi rester un moment à me regarder. Sans doute se demandait-elle pourquoi elle avait aussi... peur. Essayant de ne pas s’enfuir mais... enfin, cela faisait bien des années qu’on n’était pas resté aussi longtemps devant moi.

* Heureux ?
* Ah la ferme ! *

J’ai horreur quand il a raison... même sur 1/100e. Alors que la jeune fille faisait un pas en avant, son daemon se cola à son flanc, surement pour jouer le garde du corps. Quelques instant plus tard, la demoiselle me regardais à nouveau, mais avec un regard beaucoup plus calme. Mince, une première !

* Tu vois ce que je disais ! *

Heureux comme un cochon dans la boue, Jigsaw avança à son tour. Triple andouille !

* Arrete toi ! Tu vas lui faire avoir une crise cardiaque ! hé !!! *

Mais Jigsaw Jacero est pire que moi. Today is a good day, il est de bonne humeur. Normalement il aurait déjà fondu sur l’étalon histoire de lui foutre la frousse en éclatant d’un rire méchant. Mais non aujourd’hui il avait décidé de faire connaissance. Je n’avais plus qu’à m’’y résigner. C’était quand même un peu tôt ! A peine arrivé et hop il me jette dans la fosse aux lions !Il aurait pu attendre un peu que je m’habitue à cette école, ce nouvel environnement et tout simplement cette nouvelle vie !

Jigsaw arriva à la hauteur de l’étalon, le fixant de son œil flamboyant. Good day ?

Ah, sauvageonne que j’étais ! Pourquoi n’étais-je pas resté sur le dos de mon fidèle destrier au lieu de me mouiller les pieds dans l’herbe ? Soulevant discrètement ma robe, j’apercevais mes petits pieds nus. Et puis, c’était si pratique de se déplacer avec une robe semblable ! Certes, c’était jolie, mais pas dans ce contexte. L’attrapant d’une main, je la fis tourner autour de moi-même d’un petit geste discret en me la coinçant quelque part, m’improvisant une petite robe qui cette fois m’arrivais aux genoux. Moué…bon, on va dire que je pouvais marcher. Non, non, je vous rassure, à l’origine, je m’habillais normalement. C’est juste que je revenais d’Espagne…vous comprenez, le changement…ouais, bon, laissez tomber. Je me rattraperais la prochaine fois. Une petite minute d’inattention et voilà que la peur, imprévisible, me reprenait. Forcément, elle se répercuta sur l’Andalou qui finit par montrer le blanc de ses yeux en plaçant ses oreilles vers sa croupe. Calmons le jeu. Une seconde fois, je fermais les yeux, m’agrippant d’une main à l’encolure de l’étalon pour ne pas tomber sous le coup de la fatigue. D’où venait cette peur ? Mon regard se planta derechef sur le jeune homme. Il y avait forcément un rapport… Après tout, trop de réflexion tue la réflexion.

*

On s’en va ?

*

Aurais-tu perdu ton courage, canasson ?

*

Absolument pas !

*

…Je suis pas convaincue…

*

Voyant la bête –car pour moi, il n’était pas un animal- avancer vers nous, Don Pedro avança à son tour d’un pas, se positionnant à la même hauteur que moi, avant de s’arrêtant, le laissant finalement venir à nous. My God ! C’était quand même vachement plus impressionnant un mi-aigle, mi-lion, mi-cheval vu de plus près. Et dire que si l’envie lui prenait, il ne ferait certainement qu’une seule bouchée de mon petit être ! Je vous en pris, ne me dites pas que ces êtres ne faisaient pas de mal à une mouche, je ne vous croirais pas !

*

J’t’en supplie, dis quelque chose ! Je hais le silence…

*

Si tu veux mon avis, c’est pas le genre de type à répondre à des questions inutiles, ni à parler pour ne rien dire.

*

Qui sait ?!

*

Me retournant vers lui, je plantais mes prunelles dans les siennes. Vous voyez, l’espèce de regard qui veux dire « tu te fous de moi ou quoi ? Ca crève les yeux ! ». Don Pedro fis semblant de ne pas me remarquer, préférant fixer les pupilles de l’étrange spécimen, comme pour y déceler la moindre émotion. Mais…rien. A mon tour, je tentais de pénétrer celles de l’humain mais le résultat fut le même. Pourquoi ce regard si dédaigneux ? Ou plutôt devrais-je dire « je-m’en-foutiste » ! Enfin, je décidais d’avancer de quelques pas, sans quitter du regard le jeune homme, m’appuyant doucement contre l’épaule de l’Andalou, plaçant mes petits pieds nus à quelques petits mètres des grosses pattes griffus du daëmon, sans me rendre compte de la courte distance qu’il y avait entre nous. Pourquoi ? Parce que j’étais une imbécile qui n’avait pas conscience des conséquences qu’il pourrait y avoir.

__ Jolie bête

Ma voix était douce mais se voulait indéchiffrable aux arrières accents ironiques. J’aurais même pu sourire, mais j’estimais que cela aurait été de trop. Je préférais remplacer mon sourire par la pénétration de ses prunelles par les miennes.

Jigsaw ne faisait aucun geste brusque au cas où mon pouvoir serait trop fort... mais qu'est ce que je raconte ? Évidement qu'il est le plus fort, il l'est toujours ! Aucun mental qu'il soit de fer ou d'acier n'y résiste. Ça n'a jamais eu lieu et n'aurait jamais lieu. Borné ? Absolument !

* T'es chiant sérieux ! *
* et toi parle mieux que ça ! *

C'est pas ma journée moi je vous le dis. Et puis cette fille est bien étrange, dans cette vieille robe et les pied nues elle a l'air bien maligne ! Tsss et ce petit air là... « je n'ai pas peur mais partir en courant serait la meilleur chose qui puisse m'arriver ». Ces crétins qui veulent jouer les durs m'exaspèrent ! Et voilà ! Je commence à m'énerve ! Tsss... et cela doit ce voir, déjà que je suis nonchalamment installé les bras croisé et le regard lointain l'air de dire « mon dieu que je m'ennuie » le tout sur le dos d'un monstre mythologique...
Mais je ne vois aucune raison de retenir ma mauvaise humeur, de toute façon ça n'a jamais influencé mon pouvoir alors pourquoi faire des efforts de civilités quand la demoiselle va bientôt s'enfuir la queue entre les jambes en priant pour ne plus me revoir ?
Mais bordel, cette fille est folle ! Comment peut-elle s'approcher ainsi ? Comment peut-elle me parler comme ça ?

* Niahah ! T'en reviens pas hein ? *
* Depuis quand peut-on te traiter de bêtes sans que te hérisse ? *
* Jamais *

Enfin, voilà qui me laisse sans voix. Quelqu'un c'est approché de moi, pour la première fois ! Une jolie demoiselle, très étrange, très bizarre, très élégante, très charmante..

* Allo la lune ! Ici la Terre ! Allo Allo ! *
* Hein ? *
* T'es pas obligé de la fixer comme un crétin ! On croirait que tu sais pas parler ! *

Normal que je sois étonné ! La première fois qu'on me regarde dans les yeux depuis.... je ne sais même plus. Mais comment fait-elle ? Comment fait-elle ???

- Miss ce n'est pas parce que je suis un daemon que tu ne dois pas t'adresser à moi avec politesse !

et voilà.. good day avais-je dis ? Comme pour se faire bien comprendre, Jigsaw descend ses yeux perçant au niveau de ceux de la demoiselle et ajoute :

- C'est comprit ?

-Rah putain t'es lourd ! grognais-je en lui donnant un coup de pied dans les flancs qui le firent à peine scier.

Descendre de son dos ? Pas question ! Et pourquoi dabors ? Une crétine échappé d'un asile ? Non non, retournons faire des loopings...

Sauf qu'elle était toujours là et me regardais, gardais mes prunelles emprisonnées dans les siennes. Comme c'est étrange, je n'aurais jamais cru pouvoir regarder quelqu'un ainsi un jour... et surtout pas aussi longtemps.

- Ok le petit chaperon rouge se balade ? Qu'est ce que tu regarde ?

Mécontent de mon comportement, Jigsaw me décoche une ruade qui m'expédie illico sur son cou emplumé. Enfoiré. S'il n'y avait pas eu de présence féminine je lui aurait depuis longtemps arraché deux trois plumes... histoire de bien le mettre en rogne et que l'on puisse se cogner un peu. C'est bon de passer ses nerfs !

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